Après avoir fini mon entrainement dans les hautes herbes, Tempête Argentée s’était empressée de partir, me laissant sur le fait même seul dans la vaste clairière. Il fallait l’avouer, je n’étais pas mécontent du tout! J’étais même très heureux qu’elle parte, définitivement! À cette pensée je me sentis libre et sans règle. Aussitôt, je partis en flèche dans la direction opposée qu’avait pris mon mentor. Je ne laisserais pas cette chatte me bousiller la vie avec son ¨code du guerrier¨.
Pff… en tout cas, elle voulait remplacer mon ancien mentor, Ombre Crépusculaire, mais elle n’y arriverait jamais! Ombre Crépusculaire, lui, me laissait seul quand je voulais l’être, comprenant aussi mon désir de quitter le Clan et ne bronchait pas quand je m’éloignais de mon entraînement en douce pour rester moi avec ma solitude. Mais… il n’était plus désormais. Le Clan des Étoiles l’avait appelé et il on envoyer ce fichu renard de malheur chercher son âme. Depuis ce temps, je rejette de tout mon être ce Clan perturbateur. Pour une fois que quelqu’un me comprenait et ces idiots d’ancêtres me l’on volé, prétextant avoir besoin de lui.

Il faut que je vous avoue quelque chose. Ombre Crépusculaire était peut-être le seul que j’appréciais dons ce Clan et…il me manque, plus que je laisse le croire. Le jour de sa mort, je n’avais pas régi, maudissant à jamais ce piètre Clan des Étoiles. Intérieurement, je crois avoir pleuré quand j’avais sentit un morceau de mon cœur de pierre se briser sous l’impact de la mort du grand guerrier. C’était assez blessant et triste. Mais… je n’arrive pas à croire que je repense à ça!

Aussitôt, je secouai la tête, laissant en suspens le court de mes pensées. Je ne devais pas penser à ce moment de ma vie. Surtout pas! Sans m’en rendre compte, je découvris que je courais toujours, laissant le contrôle de mon corps à mes pattes de chats sauvages. Mais, je m’arrêtais tout à coup, dérapant sur la terre fraîche. Je pris une grande bouffée d’air et m’immobilisa alerte. Je ne me trouvais plus sur mon territoire. Je ne sentais plus les hautes herbes sous mes coussinets et la végétation n’était pas aussi verdoyante que sur mon territoire. Enfin, c’était mon opinion à moi. J’explorais des yeux le nouveau territoire qui se trouvait devant moi; Arbres hauts, ciel peu dégagé à cause de la végétation dense et souple et chants des oiseaux peu fréquents. Finalement, je me décidai à rebrousser chemin. Personnellement, je ne voulais pas avoir d’ennui avec mes ennemis. Je partis donc sur la trace de mes pas, quand je sentis une présence, toute proche de moi. Je me retournai vivement quand je vis devant mes yeux un chat me sauter dessus, toutes griffes dehors et crocs sorties.

Un matou me sauta dessus, l’air enragé. Il montra ses crocs étincelants et me mordit le dos. Avec une facilitée inouïe, je me secouai et fit tomber mon adversaire sur le sol. Son poil marbré se mélangeait à la terre fraîche des lieux et ses pupilles rebondissaient dans ses yeux bleus, affolés. Pendant ce petit moment de répit, je pus identifier mon ennemi. Il devait avoir le même âge que moi, mais il n’était pas bien doué au combat. C’était vraiment trop évident! De la manière dont il m’a attaqué aussi maladroitement, je pus savoir qu’il n’avait aucune expérience niveau bataille. Pourtant, il devait être apprenti, comme moi, et savoir les bases du combat…
Bizarre tout de même.

Je m’approchais du matou marbré et lui sourit, méchamment. Même s’il était vraiment nul au combat, il m’avait tout de même attaqué! Il fallait que je me défende en lui donnant une bonne correction qu’il n’oubliera pas! Sans aucune pitié, je me cabrai sur mes pattes arrières et sauta sur mon attaquant. Au passage, je lui griffai le côté droit, rageur. * Qu’ils sont idiots ces chats du Clan du Tigre! Ils n’apprennent donc rien à leurs apprentis? C’est pitoyable, vraiment pitoyable!* Je me levai juste à côté de lui et lui montra mes crocs acérés. Je voulais l’intimider, le faire déguerpir comme un chaton, mais l’apprenti ne bougea pas. Alors, en soupirant, je levai une de mes pattes, sortis mes griffes et déposa lentement mon coussinets sur sa gorge. La peur perlait les yeux de mon ennemi. Je sentais le cœur du chat marbré battre à tout rompre dans sa poitrine, et je sentais son corps trembler d’effroi. Ce n’était pas possible, ce chat était vraiment un trouillard de première classe. Pourquoi ne se défendait-il pas? Il ne savait pas se battre ou quoi?! Furieux, je lui sifflai aux oreilles :

Je voulais le défier, pour faire durer le plaisir un peu plus longtemps. Un combat qui ne dure même pas une minute n’est pas un combat pour moi. Et là, ce n’était vraiment pas une bataille! Je le regardais une dernière fois avant de détecter une lueur dans les yeux de mon ennemi. Il hésitait… Il hésitait vraiment à me battre! Aussitôt, je le débloquai de sous ma patte et le regarda interlocuteur. Je dois avouer, c’était la première fois que je voyais un chat se comporter ainsi en plein combat. Quand nos regards se croisèrent, je ne pus m’empêcher de le questionner.

Sérieusement! C’était quoi ça? Un apprenti qui ne savait pas se battre? Et bien rapidement, quand j’entendis sa petite voix trembler me répondre, tristement, la source de toutes mes réflexions se confirma.

-Si tu veux savoir... Non. Je ne sais pas me battre, je n'ai pas de mentor et je n'en ai jamais eu... Mais si tu veux, achève-moi ! Comme ça, tu seras heureux.

Heureux de quoi? De le voir bouger comme un serpent, en train d’agoniser, pendant que son sang se déversait ? Mais je ne suis pas un macabre tueur en série moi! Je le fixais, pendant un instant, les yeux rageurs avant de me détendre. Je dois avouer, toute cette histoire était pas mal bizarre et incompréhensible. Je m’assis face à lui, me léchant la patte et les griffes. Tout en faisant ma minutieuse toilette, je lui répondis d’un ton calme :


Okey! Alors là, j’avoue que je me suis un peu laissé aller. Aussitôt, je me précipitai de répondre :

Je ne voulais pas que ce chaton croit que je suis un faible.

Ici, dans cette forêt, nous devons survivre grâce à notre force et notre clémence. Cependant, la clémence n’est pas toujours une qualité. Elle peut devenir un fardeau. Une manie. Une phobie. Et quand tu devras faire face à un sanglant personnage et que tu le laisse filer, il pourrait prendre la situation à son aise. Mais? Je m’éloigne un peu trop du sujet de départ là. Je remis toute mon attention sur le félin qui se courbait légèrement, tremblant de peur. Ce chat, je pouvais le réduire en miette d’un seul coup de patte bien placé. Mais, je ne voulais pas. Comme je lui avais dit un peu plus tôt, je ne suis pas un sanglant tueur, prêt à tout pour tuer. Et cela, seulement pour le plaisir! Je me relevai, fièrement, avant de lui dire, d’un ton profond, le regardant, droit dans les yeux. De ses yeux bleus, je pouvais voir la peur, la tristesse et toute la terreur que je lui procurais. C’était assez drôle, dans un sens. Je dominais de toute ma force ainsi que de ma hauteur ce frêle apprenti du Tigre. Décidément, le Clan du Tigre n’est pas très… imposant. Enfin, si je peux m’exprimer ainsi. Ensuite, je lui souris, les yeux pétillants de malice.

Le petit matou tigré se releva, chancelant. Mais, au lieu de me répondre, il commença à s’étirer; j’entendis même ses os craqués sous l’effet. Beurk! Je grimaçais de dégout, puis me lécha une patte. Pendant que l’apprenti du Tigre accueillait joyeusement les chauds rayons sur sa fourrure, moi, je me nettoyais le pelage. J’aplatissais tous les poils de ma douce fourrure tigrée. En plus, j’étais rempli de terre. Je me baissai, voulant nettoyer mon portail, mais la petite voix de l’autre matou me parvint aux oreilles.

- Je ne peux pas me battre. Comme je te le répète, je n'ai pas de mentor.

Hmphf. Il croyait vraiment que j’allais gober ça. C’était assez incroyable qu’à son âge, il n’ait aucun mentor. De plus, il avait carrément le même âge que moi, qui a eu DEUX mentors dans toute ma courte vie. Je soupirais en secouant de la tête. Vraiment, il me prenait pour un imbécile celui-là. Je me redressais lentement, croisant son farouche regard turquoise. Je pouvais tout déchiffrer dans ses yeux : il était sûr de lui, toute peur avait quitté son esprit, il tait sûr de lui, mais il était inquiet que je ne le crois pas.

Je souris, légèrement amusé, avant de me relever et de m’étirer gracieusement. Ce petit chat est tout un comique. C’est vrai que je ne le croyais pas. Par contre, la vigoureuse étincelle de vérité pure qui brillait dans son regard m’affirmait le contraire. Qui devais-je croire. Lui ou…moi? Sa conscience ou la mienne? Sa vérité ou mes…hésitations?

Mes hésitations...

Oui, j’hésitais à répondre. Je n’étais pas encore sûr de le croire. Ah et puis zut! Pourquoi il me mentirait d’abord? On vient à peine de se rencontrer. En plus, il m’avait un peu " montré ses… talents de… combattant ".
Je me redressais, m’ébroua et fit volte-face au petit matou tigré.

Je me tus, encore tout amusé. Un gros coup de vent nous fouettâmes le visage. Surpris, je refermais à demi les yeux. Quand Dame Nature finit par se calmer, je rajoutais à l’intention du jeune chat tigré :