« Nouvelle Matinée... »
Rosée du matin & Nuage Sauvage



Nuage Sauvage s’ennuyait ferme, ce jour-là. Qu’il était frustrant, pour un chat vif et énergique comme lui, de rester là, allongé sans rien faire, devant la tanière des apprentis… D’accord, il devait bien admettre que de sentir son poil se réchauffer sous les rayons du soleil matinal était agréable, mais il aurait préféré en profiter pour s’élancer jusque dans les bois de la montagne, offrant une fraîcheur reposante alors que la saison la plus chaude pointait très nettement le bout de sa truffe. Seulement voilà, il s’était réveillé au mauvais moment : la patrouille de l’aube était déjà en repérage aux quatre coins du territoire tandis que les autres chasseurs, profitant de la température raisonnable qu’offrait le petit matin et du soleil qui, encore timide, n’osait pas complètement darder ses rayons sur la forêt, restaient couchés dans l’ombre et l’humidité de leur litière, dormant d’un sommeil sans doute peuplé de beaux rêves. Nuage Sauvage, lui, ne voulait plus dormir. Une fois qu’il était réveillé, de toute façon, plus personne n’arrêtait ses élans de bonne humeur le poussant à sautiller gaiement dans tous les sens. Mais ce jour-là, le pauvre rouquin était seul, sans personne à taquiner ou à transmettre sa joie innée. Faisant la moue, il boudait donc à moitié lorsqu’enfin le bruit de coussinets frôlant le sol lui fit remuer les oreilles et ouvrir grand des yeux baignés d’espoir. Enfin, la patrouille était de retour ! Il se leva d’un bond et partit à la rencontre de ses compagnons de Clan, la queue bien haute signalant son allégresse, allant prendre des nouvelles car, tout de même, il était un chat loyal et fier d’appartenir au Clan du Léopard, se tenant au courant de ce qu’il se passait aux frontières et au-delà de celles-ci.

Il papotait, jovial, avec l’une de ses amies, lorsqu’une autre silhouette attira son attention. Une toute petite silhouette, fine, qu’on devinait au regard incroyablement souple et rapide ; une silhouette recouverte d’un poil couleur crème que la jolie chatte était en train de nettoyer avec soin de sa langue rose et rappeuse. Nuage Sauvage n’écoutait plus son amie, plus vraiment. Ses yeux ne pouvaient se décrocher de la Chatte. Il l’avait déjà remarquée – quoi de plus normal, après tout ils sont du même clan, – elle et son pelage toujours lustré, immaculé, miroitant presque sous les reflets des rayons du soleil ; elle et son masque d’un ^blanc parfait faisant ressortir à merveille des prunelles d’un bleu azur, clair et brillant portant toujours en eux une lueur triste et mystérieuse qui donnait terriblement envie de la connaître, de connaître ses blessures et de les panser, de la protéger…

Bref, il n’osait jamais l’approcher, mais ce matin-là il ne sut pourquoi, il en crevait d’envie et s’en trouvait le courage. Alors il prit congé de son amie qui, la pauvre, devait être vexée que le jeune apprenti n’aie pas vraiment prit la peine de l’écouter jusqu’au bout, et s’avança calmement – adverbe d’une rareté impressionnante lorsqu’il s’agit de Nuage Sauvage – vers cette chatte -et se lança avec chaleur, gentillesse et bienveillance.


« Bonjour, toi ! Je recherche désespérément quelqu’un pour partir en chasse avec moi… Ca te dirait, de m’accompagner ? »