Cœur tendre. Douce brise. Brise angélique. Vent divin. Nuages duveteux. L’atmosphère est calme et paisible. N’importe qui qui inspirerait l’air à pleins poumons sentirait la liberté et la paix s’immiscer en lui. Il suffit que le paysage soit beau, que les oiseaux chantent, que de la terre sortent des milliers de fleurs… et que le spectateur sache s’approprier ce paysage. Certains n’ont pas cette chance. Le monde, pour eux, quelque soit sa couleur et son goût, paraît toujours terne et neutre. Ces personnes là ne savent pas profiter de ce que la nature leur a donné. Mais à quoi bon vivre alors ? Tendre deuil… Lui, il sait apprécier ce genre de choses. Sinon, pourquoi serait-il toujours parmi les vivants ? Il n’a plus personne à qui se rattacher. Il ne sait plus aimer les êtres vivants de son espèce. Il a l’amertume des êtres tristes au fond de son cœur. C’est donc la beauté de la nature qui lui donne une raison de rester. Et c’est une raison plus que suffisante. Car cette Nature surpasse tous les êtres dotés de réflexion.

Tendre Deuil poussa un petit ‘Tss’ de dédain. Il venait juste de se réveiller. Ce petit ‘Tss’, notre cher matou ne sait pas d’où il sort. Toujours est-il qu’il est bel et bien sorti. Parfois, il s’étonne de pousser des mots ou expressions auxquelles il n’a pas réfléchi. Mais qu’importe. Il se demandait ce qu’il va bien pouvoir faire de sa journée… jusqu’à ce qu’il se souvienne qu’il avait un apprenti. Le baptême de la veille lui était sorti de la tête … Il avança, gardant la tête haute, malgré son envie de s’enterrer. Il n’était pas d’humeur. Le petit allait devoir bien se tenir. Tendre Deuil s’approcha du tas de gibier. Rien ne lui faisait envie, tout le dégoûtait. Re soupir … De dépit, il balança sa patte dans un pissenlit fané. Il s’arrêta quelques secondes pour observer les graines s’envoler. Elles en avaient de la chance … Pouvoir quitter si vite et si aisément le sol, se détacher du monde d’en bas, et partir vers un horizon plus beau, là bas dans le ciel. Voilà qu’il en arrivait au point de jalouser un pissenlit …

Tendre deuil passa la tête par l’entrée de la tanière des apprentis, sans se soucier du sommeil des jeunes chats, en proclamant haut et fort :
« -Dépêche toi Nuage Joyeux … je t’attends aux plaines rocheuses. Fis toi à ton instinct, ton odorat et tes autres sens pour me rejoindre. »
Sur ce … le matou ronchon s’éloigna en courant paisiblement vers sa destination. Nuage Joyeux allait surement avoir du mal à le rejoindre puisqu’il n’était jamais sorti du camp … Mais tant pis. Il n’avait qu’à… Il n’avait qu’à rien du tout, Tendre Deuil était juste de mauvais poil. L’apprenti allait apprendre à connaitre son mentor …

La novice fut réveillée un peu avant l'aube par le chant d'un oiseau inconnu. Nuage Joyeux se leva , s'ébroua pour chasser les brins de mousse collés à son pelage roux , et s'étira longuement. Elle finit par sortir de la tanière des apprentis en essayant de ne pas réveiller les autres. Elle y parvient sans peine. La jeune chatte préleva une mésange sur le tas de gibier avant de rejoindre sa litière. Elle se délescta du petit oiseau, une fois so repas fini, elle attendit que son nouveau mentor arrie. Elle avait été nommée apprentie la veille , en même temps que Nuage Des Anges. Son mentor était Tendre Deuil , un chat qui avait l'air plutôt du genre nerveux et solitaire. La jeune apprentie ne cachait pas son impatience de commencer l'entraînement aux côtés de son meilleur ami et de son nouveau mentor. Bercée par ces idées réconfortantes , elle finit par s'endormir. Une parole forte prononcée sûrement par un guerrier la réveilla en sursaut. Elle ouvrit les yeux à temps pour aperçevoir Tendre Deuil :

« -Dépêche toi Nuage Joyeux … je t’attends aux plaines rocheuses. Fis toi à ton instinct, ton odorat et tes autres sens pour me rejoindre. »

Le matou s'en alla en traînant des pattes en direction de la sortire. Nuage Joyeux pesta intérieuremet contre le guerrier au pelage brun. Comment allait-elle faire , elle qui ne connaissait rien aux territoires du Clan ? La jeune novice se leva sans sa conviction habituelle. Elle sortit du camp comme son mentor. Elle suivit sa trace jusqu'à arriver à un carrefour entre plusieurs chemins. Quel chemin choisir ?Elle paniqua , puis se ressaisit. L'apprentie grimpa sur un rocher pour avoir une meilleure vue et peut-être retrouver celui qu'il l'avait abandonnée. Une fois grimpée, elle inspecta les environs, elle vit un pelage brun a loin devant une vallée caillouteuse, sûrement les Plaines Rocheuses dont parlait son mentor. Elle courut dans cette direction jusqu'à ce qu'elle arrive aux côtés de Tendre Deuil, impassible. Elle s'assit et commença sagement à faire sa toilette. Qu'allaient-ils faire ? Es-ce que son apprentissage se passerait sans encombre ? Elle en doutait ...

Nuage Joyeux attendait la réponse de son mentor qui ne se fit pas attendre :
« C’est bien. C’est très bien … »
L'apprentie fut flattée. Mais elle n'eut pas le temps d'y penser que Tendre Deuil se tourna et dit à la jeune chatte :
« Tu vois tout ça ? Tous ces rochers, ces arbustes ? Ils sont à nous. Et ils recèlent de dangers comme de bienfaits. Tu t’es très bien débrouillée pour venir jusqu’à moi, maintenant j’aimerais que tu me dises quels sont, selon toi les dangers et les bienfaits de ce lieu. »
La rouquine fut étonnée de cette question. Elle ne s'y attendait pas. Elle réfléchit. Il y avait bien les renards et les blaireaux mais elle était sûre que son mentor voulait qu'elle approfondisse la question. Elle eut un flash d'illumination et la queue bien haute et dressée elle récita ce qu'elle avait entendu grâce aux contes des anciens:
«Si un chat se sent trop à l'aise dans son propre territoire, il court le danger d'être surpris par la force des lieux. Il faut donc en permanence surveiller tout, même ce qui paraît innofencif.»
Nuage Joyeux se demanda si ceci était ce que voulais son mentor. Prise de panique, elle ajouta :
«Mais il y a aussi les prédateurs naturels du chat: le blaireau, le renard et les Bipèdes ainsi que leurs cabots.»

La jeune apprentie prit le temps de réfléchir, puis sembla réciter avec ferveur:

«Si un chat se sent trop à l'aise dans son propre territoire, il court le danger d'être surpris par la force des lieux. Il faut donc en permanence surveiller tout, même ce qui paraît innofencif. Mais il y a aussi les prédateurs naturels du chat: le blaireau, le renard et les Bipèdes ainsi que leurs cabots.»

Un phrase aussi bien tournée ne devait sûrement pas venir de sa propre bouche. Tendre Deuil espérait seulement qu'elle ai saisie le juste sens de ses mots. Le matou savait exactement ce qu'il allait répondre: exactement les mêmes mots que son propre mentor avaient prononcer. Ce mentor... c'était vraiment un chta merveilleux. Lorsque Deuil avait été délaissé, c'était lui qu'il l'avait soutenu, sans même savoir la cause de sa faiblesse. Bruyère Sauvage ... Qu'il repose en paix.

"Tout ce que tu me cites est juste. Mais ... Si tu va plus loin dans ta réflexion tu devrais en venir à ça: un chat peut courir sur les rochers et se briser une patte dans une fêlure de rocher. Un serpent peut se terrer dans une faille et surgir à n'importe quel moment. Et imagine si on additionne les deux: un chat se coince dans un rocher, ET un serpent surgi. Bon, tu oubliais donc les risques qu'imposent le lieu en lui-même. ici, tu dois donc ralentir un peu ton allure afin de prévoir les risques du terrain, et humer encore plus l'air qui t'entoure. Et maintenant, les bienfaits."

Il regarda l'apprentie qui se concentrait, et ferma les yeux pour plonger à nouveaux dans ses souvenirs.

- Allons visiter notre territoire.

Elle ne l'avait pas écoutée. Le matou soupira légèrement, mais se rappela qu'apprenti, lui aussi était parfois tellement impulsif qu'il n'écoutait pas son mentor et passait à autre chose.

- Oui tu as raison, allons y. Nous allons traverser les plaines rocheuses. Fait extrêment attention où tu mets les pattes, comme nous venons de le dire un accident est très vite arrivée. Reste juste derrière moi et ne t'éloignes pas. Ensuite nous arriverons aux rochers aux serpents. Nous ferons une pause là bas.

Tendre Deuil sourit à la jeune apprentie et se lança à bonne allure sur les rochers. Il bondissait agilement d'une pierre à l'autre, en évitant habilement les crevasses et les pics. Il se sentait léger. Ses pattes éfleuraient le sol, tandis que ses muscles lu donnaient l'impulsion nécessaire pour rebondir. Il se serait cru bondissant sur un nuage. Tous ses soucis s'envolèrent un instant, pour le laisser à sa course. Le chat se retournait très régulièrement pour vérifier que l'apprentie le suivait bien.
Au bout de dix minutes sur les rochers, il ralentit pour permettre à la jeune chatte de reprendre son souffle, mais sans s'arrêter. Quelques minutes plus tard, les rochers aux serpents firent leur appartition. Il escala le premier gros rocher, tandis que son apprentie le regardait d'en bas.

-Allez, à ton tour d'escalader ce rocher.