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 La vie des papillons. ♫

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MessageSujet: La vie des papillons. ♫   La vie des papillons. ♫ Icon_minitimeDim 19 Juin - 19:32

La vie des papillons.
« Nothing to give, nothing to say, so tell me it's a dream »



Au fond, la vie des papillons est absurde.
C’est la pensée qui traversa l’esprit de Nuage de Luciole lorsqu’elle rompit la nuque d’un campagnol qu’elle avait attrapé entre ses pattes et qui tentait de se dégager malgré les blessures infligées par la novice qui le porteraient à la mort s’il parvenait à lui échapper. Peu intéressée par le rongeur, elle s’était toutefois figée durant le court instant de magie où un papillon, miracle de grâce et d’élégance, était venu se poser sur le bout de son nez ; il avait battu un instant de ses ailes multicolores, déposant sur le museau de la petite un petit peu de poudre. Elle avait retenue son souffle, émerveillée par le petit animal, puis le campagnol avait eut un mouvement brusque dans ses pattes en émettant un couinement suraigu et, surpris par le geste de l’apprentie pour faire taire sa proie et le cri du rongeur, le papillon avait pris son envol. Et désormais, elle était en train de tuer le petit animal, tandis que cette pensée que la vie de l’être éthérée dont la poudre des ailes maculait encore son nez était tout simplement absurde. Absurde car il ne vivrait que quelques jours puis irait mourir dans le silence sur une feuille, dans une longue et lente agonie, digne chute après les hauteurs qu’il aurait atteinte. Absurde surtout car il n’aurait jamais le temps en si peu de temps d’apprendre à aimer la vie, à voir chaque jour comme étant le dernier et qu’il mourrait sans réaliser que son temps était déjà passé, déjà loin derrière. Etrangement, elle réalisa qu’au lieu d’arracher au papillon tout son charme, cela ne faisait que l’embellir, lui offrant en plus de sa poésie une singulière étiquette de martyr. Pauvre petit être puni par la Nature jalouse de sa beauté ! Pauvre hère qui nous émerveille et que l’on oubliera en quelques secondes ! Il suffisait même de frôler ses ailes pour qu’il soit incapable de voler. Oui, sa fragilité qui, sur un animal plus gros, aurait paru misérable et méprisable, lui conférait une certaine beauté morale, en plus de son élégance physique. C’était un bel animal, tout simplement. Et le mouvement de ses ailes, ce moment de synergie totale lorsqu’il se posait sur vous, était comme un voile d’harmonie que l’on déposait sur vos épaules puis qu’on enlevait aussi vite qu’il était venu, en vous laissant dans le cœur un peu de poudre de papillon. C’était comme si l’insecte éphémère fusionnait avec vous, comme si de toute votre vie, vous n’aviez attendu que ce court instant de parfaite union avec l’être frêle. Lorsqu’il fuyait, on le voyait partir avec un peu de regrets, mais apaisé par la sensation d’avoir été choisi par quelque chose d’aussi mystique, d’aussi sauvage. Cette pensée tira un sourire à Luciole. Certains se targuaient d’avoir été choisi par le clan des Etoiles, d’autres par un dieu quelconque ou par leur supérieur hiérarchique. Elle, elle avait été choisie par un papillon pour partager une poignée de secondes d’une après-midi printanière, et elle s’en sentait autrement plus glorieuse.

Se redressant, Luciole attrapa son campagnol dans sa gueule et hésita un instant à l’enterrer ou à rentrer maintenant au campement. Elle avait passé la matinée en chasse, prévenant son mentor à l’aube, et désormais, l’après-midi était bien avancée et pourtant elle n’était toujours pas rentrée, bien qu’elle n’ait pas fait de pause pour manger. Ce n’était pas quelque chose qui lui importait énormément, à vrai dire, mais elle avait vaguement conscience qu’elle devait se nourrir, même si sauter des repars ne la gênait absolument pas. Toutefois, elle était peu tentée par l’idée de rentrer si tôt au camp, alors que les chatons ne seraient pas encore rentrés à la pouponnière et seraient constamment dans ses pattes, vu qu’elle savait bien qu’elle ne pourrait pas repartir une fois de retour, son père insistant pour la garder au camp dès qu’il le pouvait. La perte de la mère de Luciole à la naissance de cette dernière avait fait naître chez le vétéran un fort instinct paternel qui virait trop souvent au papa poule aux yeux de la petite, qui fit vite son choix et décida d’enterrer sa proie comme toutes les autres, pour s’accorder un peu plus de temps libre. Dans le pire des cas, elle se ferait engueuler en rentrant au camp, mais elle aurait au moins pu profiter du calme printanier qui berçait toute la forêt en cette période. Enterrant donc son campagnol dans l’humus meuble, la novice se fondit à nouveau dans les arbres. Harmonie avec la nature. Encore. A peine un bruissement lorsqu’elle se déplaçait d’un pas vif et alerte dans la forêt bourdonnante des bruits divers qui constituaient son silence. Ses grands yeux bleus détaillants chaque détail, elle traversa à un bon rythme la forêt avant d’atteindre le pied de la cascade. Miracle de la nature, une rivière souterraine perçait le sol et donnait naissance à une chute de quelques mètres d’une beauté extrême, qui se déversait dans un petit lac circulaire à grand renfort d’éclaboussures tonitruantes. L’eau ruisselait sans cesse, et durant ces après-midis ensoleillées de printemps, il y avait quelque chose d’exotique, de mystique dans cette vue sauvage et si belle qu’elle en semblait irréelle.
Spectacle aussi harmonieux que les ailes d'un papillon.
A ce moment là, Luciole décida d’y passer le reste de son après-midi, et se mit à courir avant de sauter dans l’eau avec joie.

Un bruit derrière elle lui fit tourner la tête, présence féline brisant ce miracle d'harmonie et de paix.
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