Joyaux des Îles était assez perturbé ces derniers temps, la mort de ses proches lui revenait en tête, peut être étais-ce le fait qu'il se sentait seul et faible alors qu'avant il était entouré et fort. Toujours est-il que ses pattes le menèrent droit au trois chênes, ce lieu ancestrale où se réunissaient tous les clans à la pleine lune. Son père lui en avait parlé quand il était jeune et les anciens racontaient tous des histoires ancestrales plus abracadabrantes les unes que les autres mais qui fascinées les chatons et les apprentis. Il avait fait parti de ceux là, et il découvrait ce lieu sous un autre œil, depuis la mort des ses soeurs emportées par le mal blanc et de ses parents morts de vieillesse, il n'était pas retourné à une seule assemblée; Il avait désormais un regard critique sur ce lieu et ce qu'il dégageait. Les trois arbres majestueux s'élevaient tels des dieux qui contrôlaient la forêt depuis leurs trônes, leurs racines sinueuses sortaient et ressortaient du sol poussiéreux et leurs branches s'étendaient sur des dizaines de centimètres. La clairière devant était lumineuse laissant filtrer les rayon du soleil, cet astre magnifique qui faisait pousser les fleurs et réchauffait la forêt. Tel un chaton découvrant le monde, Joyaux des Îles découvrait une certaine liberté et une renaissance. Soudain un bruit de branche attira son attention et l'odeur du clan du Léopard emplit ses narines d'une puanteur immonde, les buissons s'écartèrent et firent place à Papillon Cendré, nul autre que la lieutenante du clan du Léopard. Le guerrier adoptant une posture à peu près normale et un air d'ignorance, lui demanda poliment mais sur ses gardes,

" Salutations, puis-je savoir ce qui t'ammènes ici ?"

La journée venait juste de commencer et déjà je la trouvais chargée. Patrouille ici, chasse là-bas, entraînement entre les deux. J'accourais partout dans le camp à la recherche de guerrier libre, d'apprenti sans occupation. La vie de Lieutenante n'était pas facile tous les jours. Mais depuis que je la menais, j'y étais habituée. Le soleil était haut dans le ciel quand je m'accordai une petite pause déjeuner. Une souris trônait sur le tas de gibier bien rempli pour la saison. Je la choisi et la dégusta à l'ombre des buissons qui entouraient le camp.

J'avais aussi besoin de me dégourdir les pattes. Je sorti donc du camp et laissa mes pattes m'emmener où bon elle voulait. Je suivais quelques tracés sur le sol de la forêt comme si je suivais une piste m’amenant à ma cible. Et pourtant, je n'avais rien de précis à trouver. Trottiner, prendre son temps. Humer l'air de la forêt. Regarder les feuilles jaunissantes. C'était si beau. J'avais presque oublié les bien faits de la forêt. Sa beauté. Tout m'avait été gris depuis quelques mois. Perdre un être cher, c'était dur. Perdre plusieurs êtres très importants en même temps, ce n'était pas dur. Pour moi ça avait été insurmontable. Coeur des Neiges, Tourbillon de Flammes, Fleur de Prunier, Petite Feuille. Pourquoi étaient-ils tous partis aussi précipitamment. Pourquoi m'avaient-ils tous laissé. C'était si dur. Trop dur. J'essayais de retrouver les sourire, de remonter la pente petit à petit, mais pourquoi était-ce si dur. Si je le savais, je n'aurais jamais voulu vivre ainsi. Malheureusement la vie fit que je les avais vécu. C'était écrit. Je devais le surmonter. Et pourtant.

Lorsque je repris vraiment conscience de mes actes actuels, je me trouvais déjà au milieu d'un territoire libre. J'avais dépassé la frontière sans même en prendre conscience. Les trois chênes se dessinaient devant moi, majestueux, figés dans le temps. Que pouvaient-ils perdre eux à part leurs feuilles ? Elles même revenaient chaque années. Eux étaient intouchable. Ils réunissaient les clans chaque pleines lunes. Ils étaient intraitables. Comment faisaient-ils pour rester aussi inertes. C'en était à peine croyable. La clairière verte luisait sous les rayons du soleil. L'air était frais. L'air sentait......l'air sentait le Tigre ? Un des membres du clan adversaires traînait donc dans les parages. Je m'avançais prudemment vers un buisson afin d'observer l'autre félin. Un grand mâle tigré se baladait lui aussi sur la terre libre. Comment s'appelait-il encore ?Joyeux.....Joyaux.....Joyaux des Iles, s'était bien ça. Je l'avais aperçu à une assemblée il y avait de cela quelques lunes. Je m'en souvenais maintenant.

Je sortis donc des feuillages et fis face au nouveau venu la tête haute paisiblement. Je n'oubliais pas qu'une guerre avait opposé nos deux clans récemment, mais je ne cherchais pas à me battre. Il avait déjà remarqué ma présence. Je m'avançais donc vers lui, plongeant mes pupilles émeraudes dans les siennes.

- Bien le Bonjour, Joyeux des Iles. N'ai-je pas le droit de me balader tout comme toi sur une terre libre ? Comment va le clan du Tigre ? Comment va Etoile d'Ambre ?

Non, je ne savais encore rien de ce qui était advenu à Ambre. Sa folie meurtrière qui l'avait amené à délaisser son propre clan. Non, je ne savais encore rien de ce qui ferait souffrir Etoile de Fumée.

Joyaux des Îles scruta la lieutenante en face de lui, elle n'avait n'avait pas tort, mais depuis les conflits qui avaient opposé leurs deux clans il se méfiait. Etoile d'Ambre ? alors elle ne savait pas ce qu'il s'était passé ? Était-ce une bonne idée de tout lui raconter, elle lieutenante d'un autre clan ? Après tout elle le saurait à la prochaine assemblée. Le mâle tigré songea que il n'était pas seul dans cette décision, son nouveau chef ne lui avait pas fait part de sa décision sur ce sujet, tant pis. La forêt était si belle qu'il avait du mal à croire que pareils malheurs arrivent dans un endroit si paisible, le vent se levait un peu, et le soleil était à présent caché par quelques nuages comme si le temps s'accordait avec la nouvelle qu'il allait annoncer à cette chatte. Il prit une inspiration et se retourna vers elle,

"Etoile d'Ambre n'est plus à la tête du clan du Tigre, elle a failli tuer Pelage d'Epines et elle sera notre nouvelle meneuse à présent, Etoile d'Ambre est partie."