J.e contemple le soleil couchant du haut de mon perchoir en bois. La clarté chaleureuse du jour s’amenuise lentement derrière les lointaines montagnes qui se trouvent au loin. Un large sourire fasciné se dessine sur mes lèvres, restant en permanence accroché sur les rebords de ma bouche. Mes yeux ne peuvent se détacher. Les généreuses courbes irrégulières des montagnes se forment sous mes pieds sous la forme d’une immense vague noire qui caresse l’herbe. Quelle lumière! Quelle beauté! Rien ne vaut que de regarder l’astre du jour, prince des étoiles, disparaitre entre collines et firmament.

E.n hauteur, sur mon arbre, je me sens bien, en paix avec mon âme. Comme si toutes les souillures de ma vie venaient d’être nettoyées et que seul un esprit blanc et pur restait dans cet habitacle qu’est mon jeune corps. La lueur rosée des derniers rayons étincelle dans le ciel, reflétant sa douce couleur teintée de violet et d’orangé. J’aime ce coin paisible et serein. Après une dure journée de labeur et de travaux, j’adore m’éloigner du campement et venir méditer ici, sur cette branche a plus d’un mètre du sol. Ça m’éloigne de la Terre et de tous ses soucis.

B.rutalement, mon silence paisible fut troublé par une série de jurons. D’un coup, je revins dans le vrai monde, descendant de mon petit nuage et je scrute, curieux, la source de toute cette soudaine agitation. Un chat sortit brusquement d’un fourrée en agitant vivement l’une de ses pattes. Je n’eu même pas besoin de voir la personne en face pour savoir de qui il s’agissait.

« - Hey! Comme on se retrouve Nuage d’Été. Tout va bien en bas? »

[Désolé, j’ai un peu jouer ton perso. J’espère que ça ira ^-^]

M.on amie fit un pas en arrière. Au début, je crus qu’elle allait se dégonfler mais, je me suis trompé. En relevant la tête, dignement, elle me lance :

« - J'arrive !!! On va voir si se que tu prétends es vrai !!! »

Un sourire narquois se forme sur mes lèvres, laissant dévoiler mes crocs tranchants. Nuage d’Été, je le vois, se sent beaucoup mieux déjà. En remarquant qu’elle s’apprêtait à sauter pour me rejoindre, je lui fis une petite place sur la branche basse, juste assez pour qu’elle puisse bien s’y tenir dès qu’elle aura atterrie dessus. D’un bond puissant, elle se retrouva en moins de deux à côté de moi. Aussitôt, elle porte son regard vers l’horizon.

« - Wahouu!!! C'est magnifique !!! »

J.e souris avant de contempler l’étendu infini de la forêt qui se recouvre petit par petit du noir d’encre de la nuit. C’était magnifique, enchanteur. Comment ne pas ressentir un si grand calme en soi alors qu’on regarde un tel chef-d’œuvre? Je me rassis sur la branche avant d’inspirer une grande bouffée d’air frais. Même l’air me semble plus exquis que d’habitude.

N.ous restons un long moment en silence, fixant le soleil qui décline lentement, mais sûrement, derrière ses hautes montagnes. Puis, je me retourne vers Nuage d’Été.

« - Je peux te poser une question? »

Je la regarde et je peux apercevoir parfaitement la réponse dans le vert pâle de ses grands yeux de fauve.

« - Sans paraître indiscret, est-ce que je peux te poser une question hum… personnelle? »

Toujours aucune réponse verbale. Juste la lueur de ses yeux qui changent progressivement au fil que les ailes de la nuit nous enveloppent. Cette fois-ci, je peux très bien voir qu’elle n’est pas certaine de vouloir savoir ce que je m’apprêtais à lui demander. Toutefois, je me lance.

« - Réponds-moi sincèrement, d’accord? Est-ce que tu te sens à l’aise ici, dans le Clan du Tigre? »

D.onc, le Clan l’avait recueillie alors qu’elle était un simple chaton. Alors, pourquoi la traitent-ils comme un déchet? J’aimerais bien savoir. Toutefois, je me contente de cette minime réponse. Comme je l’avais dit un peu plus tôt, Nuage d’Été n’était pas obligé de confier ses problèmes à moi. Si elle veut la garder pour elle toute seule et les affronter sans l’aide de personnes, c’est son choix; elle a sûrement ses propres raisons.

« - Et toi ? Comment te sens-tu dans le Clan ? »

J.e plisse des yeux avant de lui faire face. Ok, je m’attendais à tout sauf à une question pareille. Comment je me sentais dans le Clan du Tigre? Hum... Voyons. J’ai très peu d’amis mais, la solitude ne me fait pas peur. Toutefois, même sans camarade pour me soutenir, je sais que tous les membres du Clan m’apprécient beaucoup. J’ai quelques défauts, certes, mais personne n’est parfait dans ce monde. Je pousse un long soupir avant de relever la tête vers le firmament bleu foncé.

« - Je me sens bien ici. Les autres ne me critiquent pas vraiment et je suis certain qu’ils m’aiment bien. »

Je ne sais plus trop quoi dire de plus. Les autres membres de notre Clan ne m’ont jamais insulté ou encore critiqué pour quoi que se soit. Enfin, peut-être qu’ils se sont quelques fois fâchés à cause que je ne les écoutais pas ou encore parce que je préférais les ignorer mais, quand même, ils n’ont jamais été vulgaires envers ma personne.

J.e lui souris avant de m’ébrouer un peu le pelage. Le froid mordant de la nuit commençait à arriver et, sans m'en rendre compte, tous mes membres grelottent, transis de froid.

« - Est-ce qu’on pourrait poursuivre notre conversation au camp, s’il-te-plaît? Il commence à faire nuit et j’ai un peu froid. »

« - M.ais bien sûr on peut continuer au camp. Tu as raison il fait vraiment froid et il fera bientôt noir. »

Bien content de ne plus rester ici à grelotter, je m’étire un peu en me positionnant soigneusement pour ne pas tomber tête première au sol. Puis, je me penche vers le bas avant de bondir. En moins de deux secondes, je me retrouve au sol, l’herbe fraîche de la saison me caressant les pattes. Je me retourne vers Nuage d’Été qui se trouve encore au bout de la branche.

« - Vas-y, c’est bon. »

Après quoi, elle saute et atterrit à un mètre de moi. J’hoche de la tête avant de m’engager dans la forêt, surveillant à quelques reprises si Nuage d’Été me suivait.

Q.uand je pus apercevoir les contours de l’entrée de notre camp, je fis un signe de queue à Nuage d’Été pour lui dire qu’on était presque arrivés. Nous nous sommes engouffrés dans le vestibule du camp. Tout était calme et silencieux. Quelques chats errent ici et là, leurs grandes ombres se découpent entre les abris de fortune. Je fais signe à Nuage d’Été de me suivre et nous nous dirigeons vers la Tanière des Apprentis. Là-bas, nous serions au chaud.