Nuage de Saule.
Il rêvait. Il rêvait qu'il filait à toute allure sur une immense et grande plaine. Celle-ci était verdoyante, et l'herbe était grasse et d'un vif vert. De chaque côté des deux extrémités s'entendait des champs de fleurs aux couleurs chatoyantes. Le blanc éclatant du muguet, le rouge vermeil du coquelicot, le bleu sulfureux du bleuet, le violet timide de la pensée, le jaune rayonnant du bouton d'or.

La seule chose dont-il se souvient, s'est s'être emmêler les pattes dans du lierre et avoir atterrir dans un roncier.

~~

Nuage de Saule ... Nuage de Saule « C'EST PARTI ! »
Réveil plus ou moins brutal.
La phrase le réveilla en nage dans sa couche, les yeux à demi exorbités, l'échine hérissée et ses griffes labourant le sol meuble sans qu'il s'en rende compte. Une ombre disparu à l'entrée. Il se retourna vers celle-ci et entr'aperçu une queue noire. Il ne comprenait rien. Puis, en réfléchissant, son cerveau aux roues encore bulleuses et ensommeillées se réveillèrent. Et elles se mirent en marche. C'est le matin. Effectivement, un timide soleil pouvait entre vu entre les branchages. L'entraînement au combat, c'était avant hier, ou hier. Ses courbatures lorsqu'il se leva confirmèrent sa pensée. C'était Pelage d'Ombre. Le bout de queue noire le convaincu. C'est l'évaluation finale aujourd'hui. Il y eu un moment de silence, puis le déclic vint : « Mais c'est bien sûr ! »

Nuage de Saule sorti de la Tanière des Apprentis vitesse grand V et détala par l'Entrée. Son ventre émettait des borborygmes qu'il essayait d'ignorer. Mais la chose la plus importante sur le moment n'était pas sa faim grandissante mais de partir à la « recherche » de son mentor. Il put dès le début retrouver l'odeur de celui-ci et la remonter. Elle le menait en direction de la Cascade et bientôt, le grondement de l'eau se fit entendre.

Arrivé à l'orée des arbres, il stoppa. Pelage d'Ombre était là, avalant sans peine un poisson. À cette vue, Saule saliva et un gargouillis fut émit par son ventre. J'ai faim ... Mais avant ça, il lui fallait prendre sa revanche. Il se campa sur ses pattes arrières, prêt à sauter. Et il sauta. Pattes bien en avant, il atterri de tout son poids sur son père en criant : « VENGEANCE ! »

Nuage de Saule se retrouva le dos contre terre, une patte pleine de griffes sur la gorge. Si ça avait été un ennemi, un net et rapide coup de dent sur sa gorge à découverte et s'en était fini de lui. Heureusement, là, il ne s'agissait pas d'un ennemi, mais simplement de son père.

« Pas mal, Nuage de Saule. Je ne t'avais pas entendu arriver. »

Le compliment de son père lui arracha un sourire en coin. Il était fier que même son père, qui était un grand guerrier bien plus expérimenté que lui ne l'ai pas vu venir. D'ailleurs, Pelage d'Ombre pêcha un autre poisson qu'il lui envoya et entama :

« Tiens, mange ça. Tu vas en avoir besoin. Comme tu le vois, le temps s'est considérablement rafraîchi, les proies se terrent dans leurs terriers. Il devient difficile de rapporter à manger au Clan. C'est pourquoi je ne te demanderais pas de rapporter beaucoup de proies. Je veux que tu me ramènes au minimum trois proies différentes. Quand tu auras terminé, reviens ici. Je serais là. »

Sur ce, son père détala, le laissant seul avec sa « mission ». Il tourna et retourna les paroles dites par son père pour s'en imprégner, puis il leva sa truffe, et huma l'air. D'abord, il ne sentit que l'odeur doucereuse de la forêt. Puis il sentit celle d'un campagnol, ou bien d'un mulot. Pas facile de reconnaître. Alors, il s'enfonça à nouveau dans la forêt.
Au pied d'un petit arbuste grattait un campagnol. Ni trop maigre - ce qui est assez exceptionnel pour la saison - ni trop gras - il s'était fait de bonnes réserves. Pas de doute, c'est lui. Doucement, très doucement, il s'approcha. Lorsqu'il ne fut qu'à une petite queue de renard du rongeur, il bandit ses muscles, qui saillirent sous son pelage. Comme un loquet qui ne peut plus retenir un ressort, il jaillit et planta une lourde patte sur le campagnol. Il gigotait encore. Il le lança en l'air puis, en le rattrapant au vol, il planta ses crocs dans sa gorge.

Satisfait, Nuage de Saule enterra sa proie au pied de l’arbuste pour venir le chercher plus tard. Ainsi, il ne lui restait plus que deux proies différentes à trouver. Il avait un campagnol. Il pourrait essayer de dénicher une souris et ... pourquoi pas un écureuil ? Enfin, il ne faut pas trop rêver. Un écureuil était rare en cette saison, mais il pouvait toujours espérer.

~~

Un peu plus tard, il était déjà midi. L'apprenti noir et blanc avait réussi à attraper une souris. Mais au prix d'une longue débandade dans la forêt. Juste avant qu'il ne saute, il avait posé l'une de ses pattes sur une branche, qui n'avait pas supportée son poids et avait craquée. Il avait donc du lui courir après. Heureusement pour lui, il était assez rapide ; il l'avait rattrapée et achevée.
Maintenant, il ne lui manquait plus qu'un gibier ... Alors qu'il s'octroyait une petite pause - bien méritée ! - il entendit, non loin de là, le bruit de la Cascade. Puis son cerveau, qui s'était principalement concentré sur la forêt, eu une idée. Saule commença à courir vers l'endroit où avait commencer son évaluation. Arrivé à destination, il s'approcha du bord. Bien que son mentor ne lui ait pas apprit à pêcher, lui l'avait suffisamment - pensait-il - observer pour reproduire les mêmes gestes. Il attendit un temps qui lui sembla interminable, avant qu'un léger reflet argent face son apparition. Tout de suite, Saule se mit en position : la patte au ras de l'eau, le reste de son corps parfaitement immobile. Lorsqu'enfin le poisson fut sous lui, il plongea sa patte, toutes griffes sorties, pour soulever le poisson d'un habile mouvement. Mais celui-ci fut un poil plus rapide que lui et fila entre sa patte. Nuage de Saule pesta. Il ne pensait pas que se serait aussi compliqué que ça ! Et il réessaya, réessaya encore. Au bout de la quatrième tentative, il s'en sortit avec un petit poisson frétillant encore entre ses crocs. Tout content qu'il était, il acheva le poisson et le posa par terre. Il était à moitié trempé, résultat de son acharnement. Mais il était fier ! Oh ça oui !