Une belle matinée commençait. J'étais déjà levée, assez tôt je dois dire, du moins pour un chaton. Je n'avais réveillé que ma mère, ce qui semblait l'agacer. Avec gentillesse, je lui demanda de m'allaiter, ce qu'elle fit, malgré mon âge. J'avais faim, et ces périodes d'hiver, je préférais me nourrir de lait que de priver les guerriers de chair en plus. Une fois terminé l'allaitement, ma mère se rendormit à côté des autres reines, comme toute la nuit. Il semblait qu'aucun apprenti n'était parti. J'aurais pu faire ma casse-pied à poser des tas de questions, en fait, je ne le fis pas. Non, je fis quelque chose de semblable : je m'approcha, les pattes dans la neige, des tas de ronces qui servaient d'entrée au camp. Je mis mon museau à l'extérieur, puis ma tête entière. Avant d'ouvrir les yeux, tout ce que je reçu, ce n'était pas un joli paysage enneigé, mais une bourrasque de vent matinale, et moi qui n'y avait mit aucune résistance, pouf, j'étais propulsée un peu plus loin. Je déboula jusqu'à ce que la patte d'un guerrier m'arrêta. Juste un regard nous relièrent. Je repris ma petite place, sans retenter l'expérience.
J'étais là, je regardais les apprentis passer. Certains avaient six lunes, tout comme moi. Oui enfin moi je n'étais pas baptisée, aussi. Enfin, j'avais presque six lunes, d'ici quelques jours, je les aurais. Pourtant, je voulais encore m'amuser quelques temps, d'un côté, et d'un autre, apprendre durant sept, voir huit lunes pour devenir la meilleure guerrière, comme tout rêve d'un chaton. Ah. Un soupir m'échappa. Avant d'aller discuter avec les anciens, j'aperçu l'aspect d'un chat dans l'ombre. Oui, excusez moi, il était à l'ombre ; ce n'est tout de même pas ma faute. Je m'apprêtais à avancer mais un apprenti et son mentor avancèrent et je perdis de vue le félin. Roh. Ça ne m'arrive qu'à moi. Enfin. Nouveau soupir. Je décida de poursuivre les traces. Je vais jusqu'à la pile de gibier, là où il se trouvait, et suivit les traces. Je venais de faire un tour en rond. Après un second tour, pour vérifier si aucune trace n'était, je remarqua autre chose. Un tas de neige, juste à côté de l'endroit où j'étais assise quelques instants plus tôt. Il n'y était pas, juste avant que les deux félins, apprenti et mentor, passèrent. Trouvé ! Il était passé par là. Je suis à nouveau les traces. Encore une fois, ça me ramène au point de départ. J'attends. J'attends qu'il se montre. Il fait froid. Lorsque j'expire, une fumée, comme j'aime appeler ça, une fumée comme gelée, vu sa blancheur, sort de ma gueule. Alors j'aspire profondément l'air et l'oxygène qu'il contient. Je l'expire d'un coup. La fumée s'envole et j'arrive à l'apercevoir. Je bondis pour la rattraper : lorsque ma patte l'effleure, elle va encore plus vite. J'abandonne, mais au moins, j'ai bien rit. Je me ramasse sur le sol comme une souris morte, paf. Pleine de neige, je me secoue dans tous les sens. Personne ne se prend de neige. Je reprends mon occupation : attendre le fameux félin passé quelques temps plus tôt. Ça devrait réussir à me calmer, mais aussi à élucider le mystère du félin, enfin, il est de mon clan, ça c'est sûr : mais c'était qui ? Il n'avait pas l'air très grand, ça devait être un apprenti, enfin j'espère : je pourrais parler avec. Je souris à cette pensée, secoua la tête, assise, je me coucha, et patienta. |