Le soleil percait a travers la voute celeste rayonnant de clarte et illuminant ce matin de la Saison des Feuilles Nouvelles. L'air embaumait l'herbe verte et des bourgeons apparraissaient et commencaient a eclore sur les branches des arbres de la foret. Meme si l'on sentait encore la fraicheur de l'hiver, on percevait aisement la douceur de la belle saison.

Nuage d'Ouragan bondit d'un coup sur la souris qui couina avant qu'il ne lui porte le coup fatal. L'apprenti-guerrier pesta. A cause de ce gemissement, meme infime, tous les animaux des bois alentours etaient avertis de sa presence et il n'avait plus aucune chance d'attraper la moindre proie dans le coin. Le matou gris prit sa prise dans la gueule et alla chercher l'ecureuil qu'il avait enterre au pied d'un vieux chene. Il prit ensuite le chemin de la Clairiere Oubliee. Sur son passage, les oiseaux s'envolaient en piaillant. Il remarqua parmi eux des hirondelles, espece migrant a l'arrivee de la saison froide. Il aurait aime faire comme eux, partir et decouvrir un monde ou la vie serait meilleure, voler et se rechauffer les ailes dans un lieu ou la neige n'existerait pas. Parfois, il se sentait petit dans cette immense foret et aurait reve en decouvrir plus que les simples limites. Qu'y avait-il au loin, derriere cette immense plaine a la lisiere du bois ?

Le camp etait en pleine effervescence ce qui etonna grandement le male tachete. Avec l'arrivee des beaux jours, tous les guerriers et apprentis profitaient du soleil et du retour du gibier pour chasser. Cela faisait si longtemps qu'ils vivaient dans la peur et le froid permanents. Ils etaient tous bien contents de se degourdir les pattes. Pres du roc qui servait provisoirement de promontoire, Nuage d'Ouragan vit Feu de Cendres discuter avec quelques guerriers accompagnes de deux novices. Ils partirent ensuite au pas de course vers la sortie de la clairiere. Le felin aux yeux verts entendit un des jeunes chats s'exclamer joyeusement qu'il etait heureux de participer a sa premiere patrouille de frontieres. Le robuste matou soupira. Quand serait-ce son tour ? Il deposa ses prises de la matinee sur le tas qui etait pour une fois, au plus grand bonheur du male, bien rempli. Il s'etira ensuite longuement au soleil. Il s'ennuyait terriblement. Si seulement j'avais quelque chose a faire...

Retirer les tiques des anciens. Voila ce que lui avait demande de faire Nuit Etoilee, une jeune chatte au pelage plus sombre que l'ebene et aux yeux dores. Au debut, quand elle s'etait avancee vers lui, il avait cru participer a une patrouille mais son excitation etait vite retombee quand elle lui avait annonce sa mission. Meme s'il n'avait pas ose grogner devant elle par respect, il avait peste dans sa tete. Mais apres tout, il ne pouvait pas se plaindre, son souhait avait ete exauce. Il avait maintenant quelque chose a faire meme si ce n'etait pas exactement ce qu'il esperait. Il maudit sa jalousie. Comment un bon guerrier pouvait-il rechigner a l'annonce des taches, meme les plus ingrates ? S'il voulait que son bapteme ait lieu, il ne devait pas se plaindre et etre un bon apprenti. De toute maniere, aucun de ses camarades n'echapperait a cette corvee alors, autant le faire maintenant et en etre debarrasse pendant un moment.

Aurions-nous de la visite ?

Nuage d'Ouragan sursauta. Le vieux matou qui venait de parler etait completement inconnu a Nuage d'Ouragan. Il se demanda meme s'il etait reellement du clan. Il ne l'avait jamais vu durant ses discussions precedentes avec les autres anciens. Mais en y pensant bien, il avait en effet apercu une boule de poils brune dans le fond du buisson. Pour une bouyle de poils, c'en etait une en effet. Son pelage semblait neglige et sa fourrure etait en bataille. Ca va etre difficile a nettoyer ! Mais l'ancien semblait completement desinterresse par sa toilette, chose qu'il ne pratiquait pas souvent vu son etat. Il se degageait de lui une impression bourrue et un air grognon. Il etait surement aussi ronchon que l'ancienne qui l'avait rejete lors de son arrivee ici.Ce qui le frappa, cependant plus que tout le reste, ce furent ses yeux. Ils etaient si vides et pourtant si expressifs qu'ils lui glacaient le sang dans les veines. Il n'avait jamais vu d'aveugle et se demanda comment sa cecite lui avait-elle permis de reperer sa presence bien plus vite que s'il avait ete voyant. Apres tout, ses autres sens devaient etre bien plus developpes. Voyant que son patient attendait, le novice tenta de trouver une explication simple et pas trop enervante pour le vieux male.

Bonjour, commenca-t-il, Je m'appelle Nuage d'Ouragan et je viens pour enlever... tes... vos tiques.