Kinan se promenait le long de la rivière. Le vent sifflait et l'eau se coulait agilement contre les rochers, parfois se fracassant avec fureur, parfois passant simplement des deux côtés et se transformant momentanément en deux petits ruisseaux qui se réunissaient une fois l'obstacle franchi. Le solitaire observait avec fascination ce courant d'ondes liquides.

" Je pourrais rester des heures à observer les caprices du vent devenu liquide. Les courants ne sont jamais les mêmes, les rochers, capricieux et solides à supporter n'importe quelle charge sans se briser. "

L'onde pure et limpide de l'eau reflète la face soucieuse du mâle. Kinan était un chat blanc et crème. Un philosophe né pour contredire les desseins de la nature et les préjugés. A sourire quand il voyait un papillon aux couleurs chatoyantes traverser les magnifiques paysages, à pleurer quand il voyait une pauvre petite abeille agonisante, à rire de tout ce qui le rendait heureux. C'était un esprit optimiste et joyeux, un sensible et un émotionnel.

Il n'aimait pas tuer pour le seul fait de tuer. Il avait mal pour l'animal qui agonisait le long d'un sentier et l'achevait pour qu'il ne souffre plus et puisse reposer en paix. Lorsque il était contraint de chasser pour se nourrir, il cherchait l'animal et la tuait sans douleur, d'un seul coup de dent à la nuque. Un mouvement. Celui qui aura mis fin à la vie d'un être. Ca lui faisait mal au ventre quand il pensait à cela. Mais c'était le cycle d ela vie et il ne pourrait pas le changer. Encore un de ces clichés !, se dit-il

Le monde était son pays et son terrain de chasse. Partout où il passait, l'herbe repoussait et les arbres bourgeonnaient. Il était un bienfaiteur, et tous ceux qui le connaissait l'aimait.
Lui aimait la Nature. Mais les chats ... il était méfiant à leur égard et ... ne savait pas comment réagir. Ils étaient ... aléatoire. Le mot était vague mais c'était ce que ressentait Kinan quand il en voyait un. Et dire qu'ils étaient de leur espèce. Il devait se résigner ...

Il traversait un pont, surnommé le Pont de Bois par les chats sauvages de la Forêt. 3 clans. C'était d'un ridicule ! Toutes ces cérémonies, il était contre mais ne savait pas pourquoi. Rêvassant, les yeux vitreux, il sentit une odeur particulièrement alléchante. C'était une femelle du Clan du 'Tigre'. Il renifla d'un air méprisant et cracha devant lui. Il ne voulait pas voir de chat, même si cette odeur était attirante. Il fallait résister et si par malheur il se retrouvait en face d'elle, le mâle s'enfuirait. Il n'aimait pas se battre, et encore moins avec une femelle. Parfaitement gentleman le Kinan !