I.n-cro-ya-ble! Le rat qui se tenait devant moi devait au moins faire le double de la taille d’un chaton! Ses dents jaunies et son pelage hirsute rempli de boue, n’arrangeait guère son allure déjà… laide. Brusquement, il s’était remis à l’assaut. Agilement, j’évitais son coup de dents avant de lui donner un croche-patte. Il avait tombé lourdement au sol. Sans perdre une seconde, je le frappais à la tête et son désagréable museau de rongeur craqua dans un horrible son d’os cassé. Je pressais encore plus ma patte sur sa tête. Le pauvre rat agitait ses pattes griffues, essayant de me griffer avec la force du désespoir. Tout doucement, je le sentis faiblir.

L.e voilà mort cette sale bestiole de la forêt! Mais ce n’est pas vrai! Il m’avait complètement déchiré la peau au niveau de mon épaule gauche et des taches de sang tachetaient ma belle fourrure noire jais. Ce rat l’avait bien mérité. D’un coup de patte je l’envoyais valser dans les airs avant qu’il ne retombe, inerte, dans un buisson parsemé de beaux baies rouges. Je le regardais pendant quelques secondes quand un bruit de pas me fit aussitôt redresser les oreilles. Je me penchais lentement vers la droite avant de jeter un coup d’œil derrière moi.

« - Qui va là? »

J’espérais seulement que ça ne soit pas un nouveau rat, prêt à me déchiqueter en deux pour avoir tuer son pauvre compagnon, maintenant mort et peut-être, bientôt, enterré.

U.n bruissement de feuilles et des petits pas. Je me retournais lentement. Et je me retrouvais nez à nez avec une jeune chatte. Pelage gris clair avec des rayures plus foncées et des yeux si perçants et à la couleur si verte. Je me détends aussitôt, relâchant mes épaules. Elle s’approche de moi à pas feutrés avant de s’immobiliser à environ un mètre de moi, plongeant son regard vert métallique dans les miens. Elle ne parle pas pendant encore un certain moment avant de me répondre d’une voix puissante et claire.

« - Bonjour, je m'appelle Nuage d'Été. Et toi comment t'appelles-tu ?

- Nuage de Minuit.»

Je fais un pas dans sa direction avant de grimacer de douleur. Ma blessure à l’épaule gauche me fait beaucoup plus mal que je le pensais. J’halète un instant, essayant de contrôler ma respiration. La douleur me transperce la peau. Je serre les dents, pour contenir un cri qui avait failli traverser mes lèvres et je m’arrête immédiatement. J’inspire un bon coup pour me calmer.

« - Désolé mais ce rat ne m’a vraiment pas raté. »

J’esquisse un petit sourire nerveux avant de regarder mon épaule.

« - Ouais, cette blessure va laisser une marque. »

J’essaye du mieux que je peux de détendre l’atmosphère. Mais c’est assez compliqué. Mon épaule est tout ankylosée et je le sens à peine maintenant. J’adresse un nouveau sourire à Nuage d’Été qui semble plus confuse qu’autre chose. Puis, j’essaye de marcher à nouveau, mettant le moins de poids possible sur ma patte gauche. Je devais certainement ressembler à un canard, ses drôles d’oiseaux à la démarche étrange et boiteuse.

N.uage d’Été semble très gentille. Et sympathique. Elle m’adresse un sourire et j’essaye du mieux que je peux de lui rendre son sourire. Mais essayer de sourire joyeusement alors que vous avez une blessure qui fait tellement mal que vous avez envie d’arracher ce membre, c’est pas très… amusant.

« - Ça doit faire très mal ! En tout cas tu es courageux car si sa avait été moi qui était blessée je me serais déjà effondrer par terre. »

Je soupire. Je suis tout sauf courageux. Ce n’est quand même pas de ma faute si ce fichu rat m’a agrippé la patte. J’avais tellement été en colère contre cette bête que j’avais commencé à me battre contre lui. Mon Dieu! Comme j’ai pus être stupide! J’aurais pus mourir à cause de ce rongeur de malheur. Remarque, j’étais si furax que je m’étais très peu préoccupé de ma propre vie.

« - En fait qu'est-ce que tu fais là ? Je ne vois pas ton mentor. »

Mon mentor? Tempête de Troubles? Il est tellement occupé ses derniers jours. Organiser les patrouilles, s’occuper des groupes de chasse, voilà ce que faisait Tempête de Troubles de ses journées. Et pour finir, il a très peu de temps à me consacrer. Étant lieutenant, il LE chat le plus occupé du Clan. Ok, peut-être après Étoile d’Épines, notre chef.

J.e roule des yeux, un sourire las affiché sur les lèvres.

« - Mon mentor est beaucoup trop… occupé. Et donc, pour passer le temps, je sors souvent hors du camp pour me balader dans la forêt. Ça fait du bien et je peux réfléchir en toute tranquillité. »

Je fixe du regard le buisson où avait atterrit le rat mort avant de rire nerveusement.

« - Enfin, on n’est pas toujours tranquille dans ces bois. »

Je remets toute mon attention sur Nuage d’Été avant de marcher clopin-clopant dans sa direction.

« - Et toi? Qu’est-ce que tu fais ici? »

E.lle pense tout doucement. Je contemple son visage, examinant chacune de ses expressions; yeux plissés, nez légèrement retroussé, regard droit et fixe qui scrute un point au loin. Puis, après un certain bout de temps, sa voix résonne dans mes oreilles, une voix qui ressemble au bruit des vagues qui lèchent le rivage des plages.

« - Moi je me balade car je n'ai que sa à faire. Je n'ai pas de mentor donc je ne sais pas chasser. Je ne peux même pas aider le clan. Mais aujourd'hui, j'ai enfin trouvé quelqu'un qui prend le temps de m'écouter. Je suis très heureuse. »

Nuage d’Été me sourit à nouveau. Je ne saisie pas vraiment pourquoi elle fait ça. Quand soudainement, je sursaute. C’est de moi qu’elle est entrain de parler ou quoi? Alors, un peu gêné, je me penche un peu vers la droite.

« - Ah ben… il n’y a pas de quoi Nuage d’Été. Ça me fait plaisir. »

Je relève la tête pour contempler mon épaule. Du sang séché formait une genre de croûte pourpre sur mon épaule.

« - Hum… Voudrais-tu m’accompagner au camp? Je dois aller me faire désinfecter cette vilaine blessure. »

J.e n’attendis pas bien longtemps sa réponse.

« - Bien sur, je vais te ramener au camp. Qu'elle idiote j'ai fait de ne pas te l'avoir proposé dès le début. Excuse-moi. Vraiment je ne sais pas ce qui ma pris. »

Elle se trouve dans tous ses états, nerveuse comme jamais je ne l’ais vu depuis le début de notre conversation. Je souris largement en remarquant sa propre expression. Puis, rapidement, comme si Nuage d’Été venait de se rendre compte que j’attendais qu’elle vienne, elle se dirige dans ma direction et se positionne juste à côté de moi en se recourbant un peu, assez pour que je puisse m’appuyer sur elle. Alors, tout doucement, j’appuie mon épaule gauche sur l’épaule droit de Nuage d’Été. Le contact entre nos deux articulations me fit grimacer un peu.

« - On peut y aller maintenant. Je pense que ça ira comme ça. »

Nuage d’Été acquiesce puis nous partons lentement dans les bois.

C.’est compliqué de courir seulement avec trois pattes. En plus de ça, Nuage d’Été semble un peu déstabilisée à cause de la moitié de mon poids sur elle. J’essaye du mieux que je peux de me soutenir moi-même mais à chaque tentative, j’ai comme l’impression qu’un couteau affuté vient de me transpercer la patte. C’est frustrant.

N.ous continuons de courir encore cinq minutes. Puis quinze et ensuite vingt minutes. C’est la plus longue course - enfin, marche - que j’ai fait de ma vie. La contrariété commence à monter en moi. Quel fardeau je suis!Soudainement, j’aperçois l’entrée de notre camp. Ah enfin, nous sommes arrivés. Je jette un coup d’œil en direction de Nuage d’Été qui semble tout aussi ravie que moi.

« - Allons-y. Nous sommes presque arrivés. »

N.ous augmentons un peu la vitesse de notre course. L’entrée de notre camp nous apparaît plus clairement maintenant, de là où nous sommes. Puis, dans une dernière foulée nous franchissons le rideau de lichens qui cache notre campement. À l’intérieur, nous pouvons entendre les miaulements des chats restés dans le bercail chaleureux du Clan. Sans attendre une seconde, nous pivotons vers la gauche en direction de la tanière de notre guérisseuse.

A.rrivés devant le trou béant de la minuscule caverne, je m’arrête avant de m’éloigner de Nuage d’Été. Je me retourne vers elle avant de lui sourire.

« - Merci beaucoup Nuage d’Été. Ce fut un grand plaisir de parler avec toi aujourd’hui. Quand j’aurais un peu de temps, on pourrait refaire une petite promenade, ça serait vraiment chouette. »

Et sans attendre sa réponse, je m’engouffrais à l’intérieur de la tanière de la guérisseuse.

[FIN DU RP]
[P.S. J'ai adoré Rp avec toi Été! ^^]