La flèche est dans mon camp [...]

« Le bonheur ne se trouve pas toujours
Dans un ciel éternellement bleu, mais aussi
Dans les choses les plus simples de la vie. »
- Carmen Sylva

J’essaye de saisir chaque parcelle. Pourtant, elles me passent entre les pattes. J’essaye une nouvelle tentative, sans plus de succès apparent. Je désespère, baignant dans une mare souillée par l’ignorance et l’absolue confusion de mes pensées. Une vague caressante me frôle le visage, douce, invitante et chaleureuse. Parfums multiples qui m’extasient au plus profond. Nature des quatre saisons, odeurs des vignobles, chants symphoniques; mélodies du ciel éternel provenant du haut des nuages.

Rien ne me fait oublier ses yeux aussi beaux et uniques qu’un champ de papillons blancs, sa robe qui éclate des reflets argentés qu’elle aurait volé à la princesse de la nuit. Mon cœur bat follement, dangereusement, passionnément. Je m’envole dans ses pupilles claires, voyageant à travers prés et bergers des plus féériques. Que j’aimerais qu’elle soit mienne, ma douce fée des champs des cerisiers en fleurs.


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Matin des glaces et des sources hivernales. Je me lève, fixe l’horizon plutôt réduite de la tanière. Mon regard s’attarde un instant sur la couche à un mètre de moi. Je contemple avant de sourire et de partir d’un pas sûr vers l’extérieur hivernal, enseveli sous des centaines de flocons qui dégringolent vers le sol. J’inspire, j’expire et je me dirige en direction de la réserve.

Là, à quelques mètres, j’aperçois un jeune, étendu comme le Sphinx, examinant le voile blanc qui nous tombe sur la tête. Je m’approche, entamant une petite et simple phrase de salutation.

« - Bonjour Nuage Sans Couleur. »

Je m’assis à sa gauche confortablement. À le voir me toiser de la sorte, je pense bien n’être guère la bienvenue dans son Univers sans pétale et sans joie de vivre. Et puis, le moment qui suis n’est que petits gloussements nerveux.

« - Je te dérange peut-être Nuage Sans Couleur. Excuse-moi alors. Je ne veux pas t’exaspérer, se serait mal commencer ta journée. »

Comment les autres font-ils pour se lever à une heure pareille? Moi, je ne suis pas très lève tôt. Je ne suis pas un chat qui se réveille au beau milieu de la nuit, couvert de sueur, causé par un cauchemar de terreur. Plutôt, je suis un félin qui ne montre pas l’étendu de ses sentiments aux autres. Je ne peux pas pleurer devant les membres de mon Clan. Je n’en suis pas capable. Pourtant, je l’ais fait avec elle. Pourquoi? Tous ses émotions que j’ai eu en sa présence m’a fait chaud au cœur. Je ne peux pas pourtant l’aimer. L’amour est aveugle. Elle n’existe pas. Elle n’est pas présente en moi…

Tout est désordre dans ma tête et mon esprit est embrouillé et ne sais pas ce décider. Comme si un épais brouillard l’empêche de distinguer la droite ou la gauche. Ou le haut et le bas. C’est un gouffre sans fond. Je repense à elle, la chatte que je considère encore pour ma meilleure amie. Pourtant, je ne sais pas si le terme ‘’ meilleure amie ‘’ s’applique sur Nuage de Vigne… Je ne sais plus si je dois l’aimer ou non.Il faut que je me détende. J’ai besoin de relaxer tranquille, sans bruit et dérangement. Je suis étourdi par tout ça. Je me lève. J’essaie de l’oublier, mais je ne peux pas. Tant pis. Je considère ceci comme un signe que moi et Nuage de Vigne, se n’ai pas terminé. Je bondis hors de la Tanière. Si je mange un peu? Je peux la mettre dans un coin et faire ce que je veux? Je m’élance vers la réserve de gibier. Rien de mieux que manger avant de partir notre journée.

Je grignote la souris jusqu’à ce que je l’eu finis. Il ne reste que les os de la pauvre bête morte. Je les enterre loin d’ici. Je creuse la terre de mes griffes et revient sur mes pas. Je m’étends et reste ainsi, en contemplant le ciel tout blanc. Je me repose. J’en ai eu plus que besoin. Ma trêve cependant, ne dure que quelques secondes…Nuage de Minuit, un autre apprenti, approche. Il vient droit vers moi. Sa fourrure noire est couverte de flocons. Je n’ai pas envie de le voir. J’essaie de me camoufler dans le paysage. Sauf que le chat m’a déjà vu. Il continue toujours son chemin vers moi et s’arrête à quelques mètres à peine de moi, étendu sur le sol ivoire. Quelques secondes de silences passent avant que le félin ébène se décide de parler. Phrase banale de tous les jours.

« - Bonjour Nuage Sans Couleur. »

Nuage de Minuit s’installe à ma gauche. Je tourne mon regard vers lui. Mes yeux disent tout. Le chat à dû le remarquer car il eu l’air soudain embarrassé. Il va s’en aller, c’est sûr. À mon grand soulagement.

« - Je te dérange peut-être Nuage Sans Couleur. Excuse-moi alors. Je ne veux pas t’exaspérer, se serait mal commencer ta journée. »

Bon, il a finalement bien compris. J’ai envie de lui dire : Ouais, tu me dérange. Va-t-en et laisse moi tranquille! Bête, mais c’est la vérité, et je tiens à garder ma réputation de l’indifférent.

« - Oui, tu me dérange, et j’ai bien l’intention de partir! »

Je ne passe pas par quatre chemins. Par contre, je sais que Nuage de Minuit ne voudra jamais me lâcher. Je le vois dans ses yeux jaunes. Je grogne et je sautille vers la sortie du camp. Qu’il me suis ou qu’il ne me suis pas, je veux profiter de ma journée.

La flèche est dans mon camp [...]

Son regard m’examine, comme s’il essayait de percer mon âme de ses grandes pupilles rouges. Rouges comme ceux d’Ombre Flamboyante. Rouge comme le sang qui se fait pomper dans tout notre corps. Rouge comme les perles qui se sont échappées de nos êtres alors qu’ils périssaient lentement. Sourire se forme sur mes lèvres, narquois et moqueur. Ce novice, pas plus jeune que moi, se pense plus fort que les autres en se la jouant "inaccessible". Je trouve ça amusant. Je sens que je vais beaucoup me plaire à ses côtés…

« - Oui, tu me dérange, et j’ai bien l’intention de partir! »

Quel tact! Contempler ses iris me fait parfaitement comprendre qu’il se fiche pas mal de moi en ce moment précis. Et son comportement me le confirme tout de suite après. D’un bond, Nuage Sans Couleur se lève en grognant, me fixant une dernière fois de ses yeux pivoine. Je soutiens son regard, amusé. S’il pense qu’il me fait peur, il se trompe complètement.

En sautillant à travers le camp, il s’éloigne de moi, sans plus un regard dans ma direction. Alors, tout doucement, je me relève à mon tour et m’étire allégrement, sans me soucier du monde qui m’entoure. Puis, quand j’aperçois son fin pelage blanc disparaitre entre les buissons de l’entrée, je le poursuis sans attendre.

Mes pas son silencieux. Craquements pratiquement inaudibles sur la neige. Nuage Sans Couleur se trouve juste devant moi. Il continue de courir aussi vite et aussi agilement entre les arbres des bois. Puis, il s’arrête un petit instant. Aussitôt, je l’imite, me courbant juste en-dessous d’un petit feuillu aux courtes branches molles. Sans me montrer à lui, je lui lance :

« - Et si on poursuivait la route ensemble Nuage Sans Couleur? »

J’accélère le pas. J’ai envie de rester seul, en solitaire. Sauf que Nuage de Minuit à un peu détruit mes plans. J’ai le pressentiment qu’il me suit. Qu’il est juste derrière mon dos… Je sais qu’il ne veut pas me laisser aller tout seul. Le chat noir est comme une sangsue qui ne veut pas partir. Enfin, tant qu’il ne m’énerve pas, je ne vais pas en faire toute une histoire.
À mi-chemin, je m’arrête. Je l’ais senti. Derrière à quelques pas de moi. Je crois qu’il s’est arrêté lui aussi. Sa voix s’élève dans la place.

« - Et si on poursuivait la route ensemble Nuage Sans Couleur? »

Oh! Là il commence à me taper légèrement sur les nerfs. Faut que je me calme, mais impossible. Je ne veux pas qu’il me suive! J’ai besoin de tranquillité, pas d’un chat bizarre qui me colle après. Je fais volte-face et aperçoit un bout de fourrure de Nuage de Minuit.

« - Non, je veux pas que tu me suives. Laisse-moi un peu d’air Nuage de Minuit! »

Pourquoi ais-je l’impression que l’apprenti va rester quand même? Surement parce que je ne le fais pas peur… Même si ce n’est pas vraiment mon but. Le chat ébène ne se sens pas du tout menacer par mon caractère. La seule façon qu’il me reste, est de lui échapper, mais ça va pas être facile. Non seulement il est plus expérimenté que moi, il ne va pas se laissé distraire.

Je regarde autour de moi, et j’aperçois un arbre. Il a l’air parfait pour monter. Je bondis dans la direction du grand végétaux et essaie de grimper. Ce n’ais pas facile quand on a peu d’expérience et que l’écorce est gelé, mais j’ai quand même réussi. Perché sur la branche, j’attends que Nuage de Minuit s’en aille.

La flèche est dans mon camp [...]

Quel tête de mule celui-là! Je le savais mais pourtant, j’ai tout de même essayé de faire copain-copain avec cet insensible. Je ne suis pas trop fier de moi. Tout le monde sait bien que Nuage Sans Couleur n’aime guère se retrouvé en compagnie de d’autres personnes. Il est comme cela et, je n’y peux rien. Cependant, j’espérais qu’il veuille bien accepter mon offre de poursuivre notre route ensemble. En bien non. Franchement, il est plus indifférent que je le pensais. À croire que rien ne puisse lui faire chaud ou froid.

C’est trop déprimant tout ça. Je préfèrerais encore parler à un arbre. Lui au moins aurait une meilleure écoute que ce chat insociable. Tout doucement, je décide de sortir à découvert de ma cachette très peu dissimulée. Je porte mon regard sur Nuage Sans Couleur qui affiche toujours son air hargneux et très peu amical.

Ses iris teintés d’une étrange couleur rouge me fixent sans scrupule, des lueurs enflammées dansant la valse dans son regard intimidant. Mais je n’ais pas peur, loin de là.

« - Tu veux juste te créer une carapace pour que personne ne puisse pénétrer dans tes renforts. Au fond de toi-même, tu aimerais bien que je t’accompagne, pas vrai? »

Son expression reste pourtant de marbre. Par contre, je sais que je viens de gagner un point. Et au fond de moi-même, je m’en réjouie avidement.

Ses yeux d’or me fixent. Je soutiens l’éclat de ses iris qui brillent à la lumière du jour. Ses iris veulent dire un message clair et strict. Peu importe ce que je fais, il va me suivre. Je ne sais pas pourquoi il a t’en envie de rester avec moi.

• Qu’es-ce qu’il veut?

J’essaie. Mes yeux rouges comme le sang essayent de le faire changer d’avis pour qu’il rebrousse chemin et vienne à la conclusion que je ne suis pas un chat avec qui se promener. Peine perdue.
Je ne peux pas enlever cette détermination plongé dans son regard. Sa voix s’élève dans les airs. Je la distingue clairement.

• Fait-il son possible pour que je lui face part de gentillesse?
  Comment faire pour qu’il abandonne?

« - Tu veux juste te créer une carapace pour que personne ne puisse pénétrer dans tes renforts. Au fond de toi-même, tu aimerais bien que je t’accompagne, pas vrai? »

Mon expression reste identique. Il sait déjà. Il sait que dans le fond de moi, c’est tout ce qu’il vient de dire. Je sais qu’il se réjouit d’avoir put ouvrir une petite faille. Il est trop tard pour me reprendre. Je descends de l’arbre et le fixe.

• Ses yeux dorés ne montrent aucune peur.

« - Tu as peut-être raison, sauf que je ne comprends pas une chose. Comment se fait-il que tu portes autant attention à moi? Je ne suis pas habitué à ce que quelqu’un me suive partout sans raison. »

Là, j’espère avoir ma réponse. Je veux à tout prix savoir ce qui l’a poussé à me suivre, tel un oisillon à sa mère. Je tiens à ce qu’il me réponde maintenant pour que les points d’interrogations dans ma tête puissent enfin disparaître.

La flèche est dans mon camp [...]



Les lueurs dans ses yeux n’ont point changées. Toujours aussi glaciales et indifférentes au monde qui les entourent. Il ressemble à la mer, à la fin de l’été. Toujours en mouvement, se fracassant sur les rochers du rivage sans se soucier du mal et de l’appréhension qu’il cause autour de lui. Nuage Sans Couleur est une vague incolore qui ravage tout sur son passage sans le moindre regard derrière l’hécatombe qu’il vient de créer. Je souris tristement, à la pensée que j’étais comme lui avant de connaître l’amour de ma vie. Nuage d’Été a vraiment tout changé en moi.

Nuage Sans Couleur comprend maintenant qu’il a été, d’une certaine façon, démasqué. J’ai réussit à percer à jour ses véritables sentiments, ce qu’il ressent vraiment dans son cœur fait de rocs et de poussières. Et j’ai réussit à creuser un trou dans ce cœur de pierres pour enfin apercevoir le vrai Nuage Sans Couleur, bercé par le calme absolu, à l’abri de ses soucis et de ses cauchemars.

Quand il descend de son perchoir en bois, je l’attends de pied ferme, posé et décontracté. Je n’ais pas peur de lui, encore moins quand il essaie de ce rendre intéressant en me menaçant avec son regard pourpre. J’ai vécu tant de choses dans ma vie et à présent, plus rien n’est capable de me faire peur, pas même un jeune apprenti désespéré qui ne recherche que la solitude et la sérénité que lui procure l’environnement des bois.

Ses pattes touchent enfin le sol mou de la neige. Il me scrute encore de ses grands iris rouges qui font augmenter la crainte et la terreur chez les plus jeunes. L’atmosphère est tendue entre nous et j’esquisse un léger sourire qui flotte, comme un bateau sur l’eau, sur mes lèvres.

« - Tu as peut-être raison, sauf que je ne comprends pas une chose. Comment se fait-il que tu portes autant attention à moi? Je ne suis pas habitué à ce que quelqu’un me suive partout sans raison. »

Je penche doucement la tête vers la gauche, arborant un air narquois. C’est comme si Nuage Sans Couleur venait de me demander : « Pourquoi les feuilles changent de couleur en automne? » Quelle autre réponse voudrez-vous que je lui dise, à l’exception de celle-ci : « C’est la vie, la nature est faite ainsi. » Alors, je commence à glousser un peu nerveux avant de porter mon regard vers mon camarade à la fourrure immaculée.

« - J’ai envie de te connaître un peu plus, c’est tout. Tu as toujours l’air seul, triste et désespéré. J’ai juste envie de t’aider. »

Je secoue vigoureusement la tête, arrêtant de sourire comme un niais.

« - Je pense que la vie est faite pour être vécue et non pour l’abandonner alors qu’on vient tout juste de la commencer. »

Nuage de Minuit penche tranquillement sa tête vers la gauche. Ses yeux me dévisagent. Un air narquois est tracé sur son visage noir ébène. Ses iris d’or me fixent comme pour dire que la réponse est évidente.

• Comme si ma question ma pas de sens.

Je ne sais pas pourquoi il me regarde ainsi. Ma question est complètement pertinente. Personne ne s’occupe de moi. Je veux savoir pourquoi lui porte une attention si particulière à mon égard. Le novice glousse nerveusement. Je ne demande pourquoi.

• Es-ce qu’il va me répondre à la fin?

C’est à cet instant que la voix de Nuage de Minuit pénètre dans l’air. Le moment que j’ai attendu avec trop d’impatience. J’ai hâte de savoir ce qu’il va me répondre si c’est si facile.

« - J’ai envie de te connaître un peu plus, c’est tout. Tu as toujours l’air seul, triste et désespéré. J’ai juste envie de t’aider. »

Il secoue vigoureusement sa tête. Son sourire qui était sur son visage vient tout juste de disparaître. J’ai l’impression qu’il veut me dire quelque chose d’important.

• Reste juste à savoir quoi.

« - Je pense que la vie est faite pour être vécue et non pour l’abandonner alors qu’on vient tout juste de la commencer. »

Je grogne en l’entendant dire ça. Avant, ma vie était bien normal jusqu’à ce que quelqu’un me la gâche sans le moindre effort.

• S’il savait, il ne m’aurait jamais dit ça…

Je ne veux pas lui dire ce qui m’est arrivé. Même si nous discutons en se moment, ça ne fait pas de nous des amis. Au moins, je peux lui dire que ma vie est déjà finit, si c’est ma réponse qu’il veut.

« - Pour te résumer un peu ma vie, elle est déjà gâché depuis longtemps. »

Je me couche dans la neige et reste ainsi. Je repense à ma mère assassiné par mon propre père.

La flèche est dans mon camp [...]



Nuage Sans Couleur ne semble pas ravi en entendant ce que je viens de dire. Il commence à grogner et à me lancer des regards interdits, menaçants. Mais je ne flanche pas, pas le moins du monde. Je suis fort, plus fort que lui et il le sait bien. Je sais percer ses murs de pierres qui empêchent qui conque de pénétrer dans son cœur. Je sais faire tout ça car, j’étais comme lui avant. Un être qui marche dans les plaines, sans raison valable de vivre sa vie. Qui n’à point de désir et guère de rêves, puisse qu’ils ont tous échoués, noyés dans les vagues sordides et continuellement en mouvement de l’océan de la Vie.

J’aperçois dans ses yeux une lueur vive, distincte et qui me donne des frissons dans le dos. Il en a vécu des choses dans sa vie. Des choses monstrueuses. Je le vois, je le sens. Et quand il finit par me parler, sa voix est rauque, dénudé de tous sentiments. Il a l’air déjà mort.

« - Pour te résumer un peu ma vie, elle est déjà gâché depuis longtemps. »

Puis, il se couche sur le sol enneigé de la petite plaine. Il reste ainsi, visage neutre, ses yeux plongés au fin fond de la forêt, se remémorant des passages de sa vie. Mais, quand j’aperçois les lumières diverses qui dansent dans son regard, je comprends maintenant qu’il ne repense pas à des souvenirs joyeux et gais. Non, ses iris rouges brillent de terreur et une émotion encore plus sadique passe à travers ses yeux : l’envie de tuer.

« - Nuage Sans Couleur, tu ne dois pas dire un truc aussi idiot! »

Je m’approche de lui avant de déposer mes pattes sur ses épaules et d’un coup, je commence à le secouer vigoureusement.

« - Écoute-moi bien d’accord?! Ta vie n’est peut-être pas déjà terminée! Il doit bien y avoir quelque chose ou quelqu’un dans ce monde à qui tu tiens vraiment. »

S es yeux d’or brillent. Une étincelle de vie et de tristesse. Comme si il a vécu ce que j’éprouve en cet instant. Sauf que l’apprenti ébène a surmonté cette épreuve, mais je ne le fais pas. J’ai envie de venger celui qui m’a rendu la vie dure.
Celui qui m’a éloigné de l’amitié entre camarades de Clan et qui l’a tuée sans éprouver de remords. Comme si il a utilisé un objet mystérieux pour que je me sente coupable de son meurtre.

• J’ai une envie sadique. Le tuer.

Nuage de Minuit semble avoir remarqué ce sentiment de vengeance et il a l’air en colère. En colère contre mes paroles que j’ai dites quelques minutes plutôt. Je ne sais pas pourquoi, mais sa voix a un peu perdue sa détermination qu’il ressent, voilà à peine.

« - Nuage Sans Couleur, tu ne dois pas dire un truc aussi idiot! »

Il s’approche. Je ne veux pas le repoussé, car je n’en ai pas envie. Surtout avec lui. Inutile d’ouvrir encore plus cette brèche. C’est une question de temps avant qu’il me force à tout lui dire.

• J e veux garder ça pour moi et c’est ainsi.

Ce chat m’impressionnera toujours. Sans que je me rende compte de ce qu’il veut, ses pattes se sont posés sur mes épaules chétives et m’a secoué avec brusquerie. J’ai les yeux grands ouverts.

• Qu’es-ce que j’ai fais encore?

« - Écoute-moi bien d’accord?! Ta vie n’est peut-être pas déjà terminée! Il doit bien y avoir quelque chose ou quelqu’un dans ce monde à qui tu tiens vraiment. »

Au début, j’ai failli tout sortir. Je tiens à quelqu’un c’est sûr. Avant, j’en avais deux, mais l’une est morte, assassinée sans scrupule, mais il me reste Nuage de Vigne, au quel je me suis lié d’amitié.

• Sauf qu’a y pensé, es-ce vraiment de l’amitié ou c’est plus que ça?

Je suis totalement mélangé dans mes pensées. Ma gueule s’est ouverte pour ensuite se refermé, mais Nuage de Minuit sais qu’il a touché un point sensible. La marche arrière n’es pas dans mes options.

« - Oui… je tiens à une personne. Mais dit toi que c’est personnel et que je veux garder ça pour moi. OK? »

Pas la peine d’en ragouter. Déjà que je ne me plais pas en sa présence. Il est si collant… Comme une tique qui ne veut plus s’enlever.

• Étais-je destiné à l’avoir pour le reste de mon existence?

La flèche est dans mon camp [...]

Il se relève légèrement, étonné par mon emportement. Tant mieux, il bouge encore, ce qui veut dire qu’il est encore vivant cet idiot. Même s’il affirme le contraire. J’enlève mes pattes de sur ses épaules, un peu surpris moi aussi de ma propre sauvagerie envers lui. Ce n’est pas mon genre de perdre ainsi mon sang-froid mais là, Nuage Sans Couleur m’avait cherché.

Plusieurs fois, la bouche de mon camarade de Clan s’ouvre et se referme. J’attends des paroles qui pourraient m’éclairer mais rien ne veut sortir. Il garde le silence, un silence profond et gênant. Son mutisme commence à m’agacer. Je sors les griffes et commence à racler le sol enneigé, impatient.

« - Oui… je tiens à une personne. Mais dit toi que c’est personnel et que je veux garder ça pour moi. OK? »

Mais pourquoi garder ça personnel? Je le regarde droit dans les yeux et l’expression qui s’affiche sur son visage est indiscutable. Il me fixe de cet air sauvage et méprisant qu’il arbore depuis notre rencontre. Je soupire, baissant les yeux au sol avant de relever la tête.

« - Bien, bien. C’est d’accord. Je ne te poserais aucune question. »

Je tourne la tête vers la gauche et puis vers la droite avant de lui demander :

« - Bon. Laissons nos problèmes de côté veux-tu? Je sens une gerbille, pas loin. »

Nuage de Minuit me dévisage de ses grands yeux dorés. Comme si il voulait que je dévoile le nom de la personne à la quelle je tenais réellement de tout mon être. Sauf que je n’ai pas du tout envie d’en parler avec lui. Mes yeux reflètent de la méchanceté et de la sauvagerie. Je crois qu’il a bien compris le message que je lui envoie.

• Inutile d’insister.

Le novice ébène a l’air de vouloir en connaître plus, malgré mon expression de marbre et de rage. Nous nous affrontons du regard comme deux chiens prêts à ce jeter dessus, jusqu’à ce qu’une victime meure. Les iris d’or du chat insistent, tandis que les miens ne veulent rien savoir.

• Abandonne.

Àma surprise, Nuage de Minuit soupire en baissant ses yeux au sol. Jamais je n’aurais cru qu’il lâcherait prise aussi facilement, tellement qu’il est entêté. Pour une fois, j’allais avoir la paix avec ses paroles déroutantes. Sa tête se relève et me fixe. Il prend une grande inspiration et se lance.

« - Bien, bien. C’est d’accord. Je ne te poserais aucune question. ».

Sa tête se tourne de gauche, et puis vers la droite, comme si il a sentit quelque chose. Je ne sais pas quoi. Enfin, il se retourne vers moi pour me demander autre chose.

« - Bon. Laissons nos problèmes de côté veux-tu? Je sens une gerbille, pas loin. »

Pour une fois que nous parlons d’autre chose que ma vie privée.

• Le calme est revenu

.

L’ennui, s’est que moi, je n’ai aucun talent de chasseur. Par le simple fait que je n’ai pas de mentor… Je ne sais pas comment traquer une proie ni comment l’attraper sans la faire peur. Je pousse un grognement.

« - Voilà le seul ennui. Tu sais, je n’ai pas de mentor, alors je ne sais pas chasser. Comment veux-tu qu’on chasse ensemble ta gerbille? »

La flèche est dans mon camp [...]



Nuage Sans Couleur affiche un air plutôt ravi. Non, très ravi pour dire vrai. Il pousse un soupir de soulagement en constatant que je ne parlais plus de sa vie personnelle. Je lui adresse un sourire, innocent et rayonnant, comme j’ai l’habitude de faire. Le seul problème, c’est que Nuage Sans Couleur vient de perdre l’intense soulagement qui venait d’apparaître sur son visage tout blanc. Il a l’air ennuyé mais surtout, très contrarié. La vérité, c’est qu’il commence à grogner, raclant le sol de ses longues griffes acérées.

« - Voilà le seul ennui. Tu sais, je n’ai pas de mentor, alors je ne sais pas chasser. »

Pourquoi je m’y attendais? L’intuition appelle-t-on. Ou un sixième sens. Enfin, pourquoi tant de chats n’ont pas de mentor dans ce Clan? C’est curieux…

« - Comment veux-tu qu’on chasse ensemble ta gerbille? »

Je cligne des yeux quelques secondes avant d’éclater de rire. Ce n’est pas possible. Vraiment, cet apprenti m’étonnera toujours. Je relève la tête vers lui pour croiser ses yeux rouges qui me dévisagent, confus. Toujours le même sourire s’affiche sur mes lèvres : pur et innocent, comme celui d’un enfant.

« - Voyons Nuage Sans Couleur. Tu penses vraiment que je vais te laisser là, derrière? »

Je me lève, commençant déjà ma traque. Truffe au sol, respirant les diverses effluves du sol.

« - De toute façon, je sais très bien que tu t’en irais. Alors… »

Je bifurque vers la droite, toujours le museau collé sur le sol. Une fleur givrée, un ancien terrier de lapin non loin de là, quelques restants d’une noisette déjà bien entamée… Je l’ais. La gerbille est toute proche à présent. Dix ou quinze pas de plus et s’est bon. Justement, la voilà. Elle est couchée sur le flanc. Je me tourne vers Nuage Sans Couleur. Je savais bien qu’il me suivrait…

« - Tu la vois? Eh bien, à présent, elle est ta proie. Capture-la! »

Il cligne des yeux. Pendant quelques secondes. Je ne sais pas ce qui pense, mais je ne supporte pas de le voir me fixer ainsi. Un petit silence de 2 secondes suivit les clignements de ses iris dorés. On entend le vent se frotter contre l’écorce des arbres…

Des éclats de rires?! Nuage de Minuit est entrain de rire! Le petit moment où tout est calme, le chat noir le brise en moins de 2. Ah! J’espère qu’il ne se moque pas de moi, sinon, je le jure que je ne vais pas me gêner à lui flanquer mes griffes dans la figure. Même si le code du guerrier ne le permet pas…

Enfin de compte, j’ai le droit de le briser, car je ne suis pas encore initier. Je n’ai aucun mentor. Je regarde Nuage de Minuit. Ses yeux dorés me dévisagent. Un large sourire enfantin est tracé sur son visage. Je crois bien que nous pensons 2 choses différentes, à le voir se tortiller de rire…

Ça me fait penser qu’il est presque un guerrier. Je ne veux pas, au grand jamais, être son novice. Si jamais ça arrive, je crois que ma vie va être plus dure qu’elle ne l’ait maintenant. Soudain, Nuage de Minuit réussit à parler, malgré son rire qui ne se finit plus. Je sursaute légèrement quand sa voix résonne dans mes oreilles.

« - Voyons Nuage Sans Couleur. Tu penses vraiment que je vais te laisser là, derrière? »

Le matou noir se lève. La truffe au sol, il commence surement sa traque. Je reste là, à rien faire. Dans le fond, qu’es-ce que je sais des méthodes de chasses? Mieux vaut le laisser faire seul. Entre deux reniflements, Nuage de Minuit rajoute.

« - De toute façon, je sais très bien que tu t’en irais. Alors… »

Hum… J’ai l’impression qu’il a dit ça juste parce qu’il est sûr que je ferais le contraire. Inutile d’être un génie pour savoir que je vais le suivre. Nuage de Minuit, tourne maintenant vers la droite, le museau toujours collé sur la neige. Après 1 minute de fouille intense, Nuage de Minuit s’arrête.

Je crois qu’il l’a. La gerbille ne doit pas être loin. Pendant qu’il se promenait un peu partout, je l’ai suivit en restant discret. Pas pour qu’il ne me découvre pas, mais pour ne pas effrayer la petite gerbille. Sa tête se tourne vers moi. À voir son petit sourire dans un coin, il a dû se douter que je le suivrais à la trace. Enfin bon. Je ne veux pas en faire tout un plat. Je me contente d’écouter ses paroles.

« - Tu la vois? Eh bien, à présent, elle est ta proie. Capture-la! »

J’ai failli crier après lui que je ne sais pas comment me mettre en position de chasseur. Mais en voyant la silhouette de la gerbille, je me suis abstenu. Je me suis plaqué au sol et j’ai murmuré :

« - Qu’es-ce que je fais maintenant? »