« - Soif de liberté. »
|. Pv Nuage sans Couleur

Il me regarde et me sourit. Je me sens bien alors je le lui rend, son sourire. Je me sens beaucoup plus à l'aise que tout à l'heure, je me sens livre loin de tous les tracas habituel. Je me sens à l'aise avec lui. Ces quelques heures passées à ses côtés m'ont fait un bien fou. Pour tout vous dire je n'ai pas envie que cela cesse, que le soleil se couche et que la lune se lève. Je veux que le temps s'arrête. Pour toujours. J'ai l'impression que le comportement du novice blanc à aussi changé à mon égard. Il a l'air plus sûr de lui plus confiant. Nous nous sommes tous les deux livrés l'un à l'autre. Alors peut être que nous nous faisons confiance. Après tout cela me semble tout à fait probable, pour ne pas dire logique ou évident.

« - Prête? Je vais aller à l’est et toi à l’ouest. »

Il part, je vais dans la direction opposée. Je sens le sable sous mes pattes qui s'y enfoncent. Le chaud soleil de la saison, le chant des grillons, le murmure des arbres, tout cela fait partie de la forêt. Si on me l'enlevait je ne sais pas si je serais encore capable de vivre autrement. J'étais jeune quand j'ai quitté mes bipèdes. A peine cinq lunes. Les souvenirs deviennent flous à vrai dire. Mais cela ne me dérange pas. C'est une période de ma vie que je préfère oublier.

Un bruit. Un simple crissement sur le sol. Un campagnol s'agite entre les herbes hautes, à la recherche d'une graine à grignoter. Le soleil couchant illumine son pelage fauve et créer derrière lui une ombre. Je me tapis au sol, le ventre frôlant l'herbe tendre. A pas de velours, aussi silencieuse que possible je m'avance, retenant mon souffle. Je laisse ma queue tomber au sol, en la relevant légèrement pour ne pas qu'elle fasse bruire les feuilles. Il est là devant moi. Le vent souffle de face si bien qu'il ne me sent pas. Si il se retournait il me verrait sans aucun doute, maintenant que plus rien ne peut me dissimuler. Son instinct se met en marche, et comme averti par une force invisible il se retourne et me fixe. Dans ses prunelles noires je lis de la surprise, de la peur. Et ... de la résignation. Il sait qu'il va mourir, qu'il n'y survira pas. La racine la plus proche est loin il n'aura pas le temps de s'échapper. Le voir comme ça me déchire mais je en tue pas par plaisir mais par besoin. Il se nourrit de graines et je me nourris de lui, ainsi va la vie et son cycle.

Pousser par une envie folle de vivre, il se met à courir de toute la vitesse de ses petites pattes. Je m'élance à mon tour, grisée par le plaisir de la vitesse. Je fixe son pelage de mes prunelles bleues, sans le lâcher du regard une seule seconde. Il est perdu, il le sait, mais le désespoir lui hurle de se battre pour sa vie. Je prend un dernier appui et bondit de toute la puissance que peuvent dégager mes membres et atterrit presque sur lui. Je plante mes griffes dans son maigre dos, et après qu'il ait poussé un ultime cri, met fin à sa souffrance. Quel est le pire dans un épreuve comme celle -ci ? La douleur ou la peur ? J'espère ne jamais être dans une telle situation. Je préfère être le chasseur que le chassé.

Je me redresse et m'étire un peu. Je ramasse le corps que la vie à quitté, encore tiède. Je retourne là où nous nous sommes quitter. Une proie me suffit par cette saison, et croiser ce regard emplis de peur m'a coupé l'appétit je dois l'admettre. Alors en attendant le retour de Nuage sans Couleur, je monte sur une pierre chauffée par les rayons du soleil et écoute le clapotis de la rivière. Tout est si calme. Le monde, enivré par cet douce quiétude semble bon. Comme si il ignorait le malheur de ceux qui souffre, ou celui que ceux qui ont souffert.

Doucement, le soleil finissait sa course journalière. Il teintait le ciel de pourpre et d'orange dessinant le spectacle époustouflant qu'était le coucher de soleil. Les étoiles commençaient à naitre progressivement, s'allumant dans le firmament comme les lumières artificielles des bipèdes. La lune apparaissait aussi au loin, dépassant à peine la cime des arbres. Les oiseaux chantaient leurs dernières ritournelles avant de ranger leur pupitre et les grillons eux, sortaient à peine leur violon de leur étuis. Le chant forestier du crépuscule avait son propre charme, et accompagné par le bruissement de l'eau sur les galet et de la douce chanson du vent, la symphonie de la forêt prenait naissance dans toute sa splendeur.

Nuage sans Couleur mettait plus de temps prévu à arriver. Intriguée, j’émis l'hypothèse qu'il chassait plusieurs proies où alors qu'il en traquait une depuis longtemps. Aussi quand une mésange vint se poser à une longue de queue de renard de mon rocher, je ne pus résister à l'appel de mon instinct. A pas lent, je me rapprochai le plus possible. Mes yeux ne quittait pas le pelage bleuté, brillant sous les derniers rayons du soleil. Elle était absorbée par l'extraction du sol d'un ver de terre qui lui donnait apparemment du fil à retordre. D'un bond rapide je mettais fin au calvaire de l'animal, tuant d'un coup de patte furtif son prédateur. Le cou de l'oiseau se cassa en produisant un craquement sec. Puis plus rien.

Les autres volatiles, comme portant le deuil de leur camarade défunt, s'arrêtèrent de chanter quelques secondes. Puis ils reprirent, d'abord timidement, puis de plus en plus fort pour à nouveau joindre leur voix à la chanson estivale. Je ramassai le corps sans la moindre parcelle de vie avant de rejoindre ma place sur le rocher. Je m'y rallongeai en poussant un grognement de fatigue. Nonchalamment j'étirai les pattes et laissai échapper un bâillement dévoilant mes crocs pointus de félin. J'assistai à la mort du soleil, qui se fit aspirer par la terre. Puis la lune gagna en éclat, et le ciel se teinta d'indigo. Des pas résonnèrent, Nuage sans Couleur était de retour. Je ne me retournai pas et continuai de fixer les astre, son odeur suffisait à le reconnaître. Il me sourit et une fois encore je le lui rendis. Je crois que je n'avais jamais autant sourit en une journée. Pour la première fois depuis longtemps je me sentais bien. Et je ne voulais pas que ce moment s'arrête, non pas maintenant.

« - Alors, tu as de belles prises ? »

Dans sa gueule pendaient deux souris. Je lui montrai d'un mouvement de tête mes deux proies qui trainaient à mes pattes. Je faillis lui demander s'il voulait qu'on partage une proie mais j'eus peur de le vexer alors je me retins. Je l'invitai d'un signe de queue à me rejoindre et lançai d'un ton joyeux :

« - Alors on mange ? »

| Vraiment je suis désolée pour le retard je n'avais pas vu ta réponse D8 Je m'en veux un truc de fou U.U |

Il vint s'installer contre moi, son pelage effleurant doucement le mien. Un frémissement me parcourut le corps, des oreilles jusqu'à la pointe de la queue sans que je puisse l'expliquer. Je poussai un soupir de bonheur. Dans ma vie devenue sombre à cause de ce malheureux départ cette journée était une oasis de bonheur, une île de sauvetage, me permettant de souffler un peu, de me reposer et de retrouver mes forces avant de reprendre l'affreux chemin des jours quotidien. Je me sentais libre, comme portée par des ailes blanches, les ailes de la liberté mêlées à celle du bonheur. Je sentais en moi une chaleur douce et agréable, ce qui n'avait aucun lien avec le soleil qui nous réchauffait depuis longtemps en dardant sur nous ses rayons déclinants. C'était comme un bonheur sans fin, un gouffre sans fin où il semblait bon et attirant d'y plonger. Quelque chose d'attirant en quelque sorte. Quelque chose de différent du quotidien que je vivais.

Le soleil glissait dans le ciel pour finir par disparaître avec une lenteur tranquille, presque exaspérante. Le bouquet de couleur finissait pas s'estomper peu à peu, en s'unifiant pour devenir un bleu sombre tirant sur l'indigo signifiant la venue de la nuit. Juste au dessus de la cime des arbres une bande plus claire, encore teintée d'orange. Il ne faisait pas noir, on y voyait encore parfaitement. En réalité nous étions à ce moment des soirées d'été où le douceur du soir est la plus agréable. Il devait se faire tard mais je m'en fichais royalement. J'étais tellement bien ici, que j'aurai pu me blottir contre le pelage blanc de Nuage sans Couleur et m'endormir ici, sur le sable encore chaud.

« - Tu sais, quand je suis avec toi, je me sens bien. »

Il avait dit ça d'une voix distraite, absente, comme s'il était plongé dans d'intense réflexion. Je le fixai avec étonnement. A vrai dire, je ressentais la même chose pour lui. Avec lui je pouvais parler de tout, lui libérer mes plus puissants secrets sans crainte. J'étais sûre qu'il ne dirait rien, qu'il les garderait pour lui. Son attitude détaché vous donnait une sensation de confiance et de sûreté inexplicable.

« - Je voudrais que ce moment ne finisse jamais. Personne ne m’a jamais aussi bien compris que toi. Merci Nuage de Lune. »

Il souriait et ses beaux yeux sanglants me fixaient avec une intensité troublante. Rougissante sous tous ces compliments que je pensais ne pas mériter je lui rendis ce sourire plein d'émotions réelle, et bien présente. J'avais envie de lui dire ce que j'avais sur le coeur, de tout lui déballer pour qu'il comprenne qu'il en allait de même pour moi. Mais étrangement je ne trouvai pas les mots. J'écoutai l'eau couler sur les galets qui tapissaient le fond du ruisseau et essayant de mettre un mot sur cette journée. Brusquement il s'imposa dans mon esprit comme une évidence. Je me blottis un peu plus contre lui en poussant un ronronnement de bonheur. A présent je sentais son épaule contre la mienne à travers ses poils d'été.

« - Parfaite. C'est le mot qui caractérise cette journée. Tu sais, j'ai été très contente de faire ta connaissance Nuage sans Couleur. Tu es vraiment ... à vrai dire je ne sais pas. Je t'ai rencontré ce matin et tu en sais plus sur moi que ma propre soeur. Mais je ne regrette pas de t'avoir confier tout ça. Et c'est à moi de te remercier pour ce rêve éveillé que je suis en train de vivre. J'aimerai que ça ne s'arrête jamais, qu'il continue encore longtemps. Alors merci à toi. »

Collée à lui, je profitai de la brise du soir qui effleurait nos pelage, nous rafraichissant agréablement. Je me sentais tellement bien que j'aurai pu passer ma vie ici, loin de tout et que quiconque. Je voulais que cette journée de répit ne cesse jamais, cette oasis dans mon désert de malheur ne s'assèche pas. Je le regardai longuement, toujours autant hypnotisée par l'éclat de ses yeux rouges. Ils me rappelaient tellement ceux de celui qui me manquait que j'avais du mal à ne pas les confondre. Sauf que Nuage sans Couleur avait un pelage blanc comme neige, alors que celui de l'autre est brun comme l'écorce des sapins. Mais je savais que tous les deux étaient bien différent. Pour la simple et bonne raison que Nuage sans Couleur, lui, ne s'enfuirait jamais loin de moi. Je frissonnai de bonheur, le regard posé au loin sur les arbres qui abritaient la forêt. Malgré moi, je pensai aux membres du Clan du Tigre, chassé de leur Camp en pleine nuit. Retenant des tremblements d'horreurs et réprimant la peur qui naissait en moi je reportai mon attention sur mon ami. Oui il était possible que les monstres viennent ensuite détruire notre camp. Mais que pouvais-je y faire ?

« - Tu es une personne qui compte beaucoup pour moi. Ne l’oublie pas. »

Après avoir prononcé ces mots, il se blottit contre moi et posa sa tête sur ses pattes. Quand son souffle se fit plus régulier, plus profond, je compris qu'il s'était endormi. Je souris à nouveau, amusée par son idée de dormir ici. Nous avions passé la journée ensemble, et apparemment il tenait à finir ce jour avec moi. A vrai dire, j'étais ravie de passer la nuit ici avec lui pour seule compagnie.Poussant un ronronnement de plaisir, je fis une toilette rapide, léchant de ma langue rose ma patte grise puis la passant derrière l'oreille de manière méticuleuse. Une fois que je me sentis à l'aise, je me recouchai prenant garde à ne pas le réveiller. Me blottissant contre lui, flanc contre flanc, je posai ma tête sur ses épaules et fermai les yeux avec délice, sentant sa chaleur corporelle se répandre en moi. A deux, couchés sur notre pierre, bercés par le chant des oiseaux et le violon des grillons, j'avais l'impression d'avoir un gout du paradis. Laissant un dernier sourire éclairer mon visage, je plongeai, pour la première fois depuis des lunes dans un profond sommeil après avoir murmurer :

« - Je ne l'oublierai pas, je te le promets. »

Que pouvais-je ajouter ?

| Un an ! On a mis un an à le finir tu te rends compte ? J'ai tellement adoré ce rp. On doit en refaire un c'est o-bli-ga-toire. Merci pour ces instants de bonheur Pingouin. ♥ |