Quand la Myrtille est frappée par la Chance.
PV Nuage de Myrtille

Je plissai les yeux, ébloui par les lueurs de l'aube. Les quelques rayons de soleils qui s'étaient infiltrés dans la pouponnière avaient suffit à me réveiller. A choisir, dormir encore un peu ne m'aurais pas dérangé, mais supporter les piaillements des plus jeunes me lassait. Bien installé au creux du ventre de ma mère, je me résolu à quitter la confortable mousse, et de laisser derrière moi la chaleur et la merveilleuse odeur laiteuse de la pouponnière. Lorsque je posai mes pattes sur l'herbe dure et froide du camp, un vent violent et frai vint m'ébouriffer le pelage. Un instant, j’hésitai à faire demi-tour et retrouver mon petit nid douillet. Mais je m'obligea à faire face à cette bourrasque. Sauf que, avant de sortir, je n'avais aucune idée de ce que j'avais l'intention de faire. Je balaya donc le camp du regard, cherchant une quelconque occupation utile. Peu de guerriers étaient levés à cette heure-ci. Seuls deux ou trois étaient debout, surement de retour de leur patrouille. Je n'avais donc personne à qui parler. Soupirant, je me prépara à faire marche-arrière, quand mon regard se posa sur l'entrée de la tanière des apprentis. Je fus frappé d'une idée. Si je devais bientôt passer apprenti, autant aller repérer les meilleurs coin du gîte. Et peut être qu'un novice serai réveillé, et que donc je pourrais donc avoir un peu de compagnie. Sans attendre plus, je traversai rapidement le camp pour rejoindre la tanière. Des ronflements me parvinrent de l’intérieur, et s'intensifièrent lorsque j'entrai.
Tout les apprentis étaient collés les uns contre les autres, dans l'espoir de trouver un peu de chaleur chez son camarade. Je ne voyais qu'un tas de fourrures, non identifiables tant elles étaient enlacées. Je me dressa sur mes petites pattes, dans l'espoir de discerner une tête, mais sans succès. Dans un soupir, j'observais l'ensemble de la tanière. Bien plus grande que la pouponnière, et bien plus remplie. Le sol était recouvert de la même mousse, mais l'odeur du lait manquait. C'était surement ce qui me manquerai le plus quand je les rejoindrai. Quand je posa de nouveau mes yeux sur le groupe de chats endormis, j’aperçus un petit bout de queue dépasser, se balançant doucement au rythme des respirations. Je la fixa un long moment, absorbé par ses mouvements. Des picotements me parcouraient les pattes, et je sentais que mon arrière-train était prêt à partir en avant. Avant même que je n'y pense, mon corps se jeta en avant, et mes pattes saisir la queue du novice. Je sortis mes griffes, et planta mes crocs dans ma nouvelle proie. Je poussai un cris de victoire, heureux d'avoir attraper ma première prise. Je me dressa fièrement, m'attendant à recevoir de nombreuses félicitations de la part des apprentis.

La veille, j'avais été m'entraîner avec mon mentor. Nous avions beaucoup travaillé, et sans relâche. A un moment, j'avais même demandé une pause qui ml'avait refusée. Il voulait absolument que je comprenne parfaitement la technique de combat avant de stopper l'exercice, si bien que j'étais rentrée au camp dans le noir. Il m'avait donc laissé le lendemain matin libe que je puisse récupérer mes forces. Beaucoup d'apprentis dormaient depuis un moment quand je m'engouffrais dans la chaleur de la tanière. Ayant été la dernière à être aller dormir, je n'avais pas eu droit à la place bien chaude du milieu, mais seulement à une place de l'extrémité. Je fus un peu déçu, mais au fond, c'était mieux que rien. Je m'étais donc roulée en boule, collée contre une apprentie du nom de Nuage Claire, et d'un autre, Nuage Espiègle. Epuisée comme je l'étais, je sombrais profondément dans un sommeil sans rêves... .


Le ciel n'était pas encore clair quand je me réveillais d'un bon, poussant un cri de surprise. On m'avait attrapé la queue. Qui était-ce? Un blaireau? Un renard? Je m'étais levée comme une furie pour me retourner contre l'agresseur, et mes yeux croisèrent alors ceux de Patte Chanceuse, une petite chatonne bi-color. J'avais envie de m'énerver contre elle, afin qu'elle comprenne qu'on ne réveillait pas un apprenti endormi, surtout de la manière suivante! Mes yeux étaient encore lourd de fatigue, je voulais rejoindre à nouveau mes rêves. La faible lueur que je vis à l'extérieur m'appris que le matin s'était à peine levée. Je grognais intérieurement. Je voulais dormir! Mais je ne pû déverser ma colère sur ce petit ange innocent. J'aimais tellement les chatons et leurs petits yeux pétillants! Cependant, je n'avais pas l'intention qu'elle revienne jouer tous les matins avec ma queue. Et d'ailleurs pourquoi moi? Ça n'aurait pas pu être quelqu'un d'autre? Et de nouveau je grondais.

«Il ne faut pas réveiller les apprentis comme ça! fis-je calmement pour ne pas lui faire peur et pour éviter qu'elle se sente disputer. Tu m'as fait très peur et je suis extrêmement fatiguée.»

Je soupirais légèrement et je parcourais rapidement la tanière du regard. Mon cri n'avait réveillé personne, les ronflements étaient encore présent. Je les enviais. Je me retournais de nouveau vers Patte Chanceuse.

«Que voulais-tu?»

Alors que je m'attendais à de nombreuses félicitations, l'apprentie se retourna en un bond, prête à m'attaquer. J'étouffai un cris, et manqua de m'enfuir tant elle m'avait fait peur. Je dévisagea le visage en colère de Nuage de Myrtille. Je ne l'avais vu que rarement, de loin dans le camp, mais la voir d'aussi près, et de mauvais poil me fis avoir des frissons. La novice me toisa, et lâcha un grondement.

« Il ne faut pas réveiller les apprentis comme ça! Tu m'as fait très peur et je suis extrêmement fatiguée. »

Je me recroquevilla sur moi même, honteux de l'avoir dérangé. Mais c'était plus fort que moi, sa queue m'avait irrésistiblement attiré. Si elle allait tout rapporter à Étoile de Fumée, je risquait de ne pas devenir apprenti de sitôt. Mais avec le ton plutôt calme qu'avait employé Nuage de Myrtille, je fus quelque peu rassuré. Je releva doucement la tête vers elle, de peur que son humeur ne s’aggrave. Mais elle poussa un petit soupir.

« Que voulais-tu ? »

Ce que je voulais ? Sa question me fis sursauter. J'avais oublié, pourquoi étais-je sorti ? Je tenta de me rappeler, mais en vain. Si je ne trouvais pas une bonne raison, j'aurai l'air fin. Mais si je tardais trop à répondre également, l'apprentie me prendrai pour un attardé.

« Je... euh... Je ne sais plus... Peut être que... je m’ennuyais dans la pouponnière, et que je voulais un peu de compagnie... »