Aujourd’hui, il faisait beau. Le soleil éblouissant, inondait la forêt d’une belle lueur jaunâtre. La brume qui pesait dans l’air donnait un aspect de rêve aux félins qui vadrouillaient dans les bois. J’étais de ces félins-ci. J’avais été chargé de participer à la patrouille de l’aube. C’était Echo Céleste qui l’avait décidé. Et moi, je m’étais plié au choix de mon lieutenant. Je marchais aux côtés de mes camarades de Clan. Nous étions trois au total. Peut-importe leurs noms, cela ne m’intéressait pas. Tout ce que je faisais c’était répondre aux exigences qui faisaient de moi un guerrier. Arrivé à la frontière que nous devions inspecter, comme mes camarades je n’avais rien remarqué d’inhabituel. J’étais rentré en me plaçant à l’arrière de la patrouille. Une fois au camp, celui qui avait été désigné comme chef de patrouille partit faire son rapport, pendant que moi, je retournais faire un tour dans les bois. J’aimais bien cette ambiance, quand la lune faisait place au soleil et que la forêt était inondée de brume. Je me baladais monotonement, laissant mes pas me guider à travers les bois. Mes pattes me portèrent jusqu’à un vieux frêne. Quand je reconnus l’endroit, la nostalgie s’installa dans mon cœur, puis la mélancolie et la tristesse la remplaça et inonda mon âme. Ce lieu, je l’aimais et le détestait à la fois. Je l’aimais car il me rappelait ma mère. Je le haïssais plus que tout parce qu’il me rappelait sa tragique disparition et la fuite de ma traitresse de sœur. Je ne voulais pas rester là. Je choisis donc une direction au hasard et fila face au vent. Je pouvais sentir tout ce qu’il y avait devant moi et ce qu’il y avait devant moi, je ne pouvais pas. J’étais en position de force. J’aimais me sentir fort, puissant. Cela changeait de lorsque j’étais encore un chaton faible et sans défense. Je ne sentais aucune odeur féline ou encore de prédateur. Tout ce que j’arrivais à sentir était l’odeur du bois, des proies et des vastes étendues de végétations que s’étalait au loin. Bientôt, je pus distinguer trois grands arbres. Ces arbres, je les connaissais par cœur. C’était à cet endroit que les trois Clans se rassemblaient à chaque pleine lune. J’aimais bien assister aux assemblées pour être au courant des nouvelles des autres Clans, seul point négatif de ce rendez-vous, c’était le faite que les félins des autres Clans venaient se coller à toi et te poser des questions idiotes. Je restai là pendant un lapse de temps qui me sembla très long, mais qui en faite fut bref. Je repartis dans l’autre sens. Je voulais retrouver la Chute d’Eau. Après avoir trottiné pendant quelques temps, je m’arrêtais. J’humais l’air à la recherche d’une éventuelle trace de chat errant ou d’un Clan ennemi. L’odeur du Clan du Léopard vint jusqu’à mes narines. Je frémis. Je n’aimais pas ce Clan, pas plus que le Clan du Tigre. Pour moi, c’était des ennemis, et les ennemis, on ne les porte pas haut dans son cœur. J’entrouvris ma gueule afin de mieux humer l’air pour voir si je connaissais le félin. Non, je devais l’avoir déjà rencontré, mais je ne connaissais pas son odeur. Le vent était toujours face à moi. Je ne pouvais pas deviner la distance qui nous séparait et je ne pouvais pas savoir si il ou elle était sur mon territoire ou en territoire neutre. Ma curiosité l’emporta plus vite que je ne le pensais et j’avançai discrètement en remontant le fumet du félidé. Bientôt, je quittai la forêt pour rejoindre un endroit totalement découvert. Je me sentais plutôt bizarre, moi qui aimais le couvert des arbres. J’entendis alors le clapotis de l’eau au loin. Je m’approchais donc de la Chute d’Eau. J’avançai toujours tout droit, jusqu’à ce que je tombe sur le bord de l’eau. Je scrutai la rive opposé, sans rien y voir d’intéressant. Je décidai de longer le bord de l’eau. En remontant le courant, je ne pourrais que tomber sur la cascade. Je regardai un peu l’eau afin de savoir dans quel sens elle allait. Après quelques instants, je remontai le courant. Le clapotis se faisait de plus en plus fort. Je me mis à trotter pour arriver plus vite devant la chute d’eau. Je la voyais déjà, j’aimais cet endroit. Il était magnifique et un peu magique. Sans regarder devant moi, je continuai mon chemin. Une odeur acre emplit soudain mes narines, c’était la même odeur que j’avais sentit lorsque j’étais dans la forêt. Le fumet semblait le long de la berge, tout comme je le faisais. Je scrutai le sol afin de trouver des empruntes. Ce ne fut pas difficile puisque le sol était meuble et gadoueux près de la rivière. Les empruntes n’étaient pas très larges, mais ce n’était surement pas celle d’un chaton. Ce devait être une guerrière, ou alors un guerrier pas très costaud. Je m’arrêtais net. Je venais de voir un éclair de fourrure blanche. Je fixais la boule de poil qui se tenait à quelques pas de moi. C’était une jeune chatte blanche avec le bout du museau et des pattes d’une couleur rousse. Elle avait de jolis yeux bleus, tout comme moi. Je m’approchais, ne voulant que passer et non lui parler ou combattre. J’étais en territoire libre, alors pas besoin de se prendre la tête avec un chat ennemi. Si elle avait été sur mon territoire, je lui aurais fait la peau. Mais là, je ne voyais pas quoi lui reprocher. Je me retrouvai nez-à-nez avec elle. Elle m’empêchait d’aller plus loin, à savoir si elle le faisait délibérément oui si elle ne savait pas que j’étais là. Je patientai un instant. Bouillant d’impatience, je lui cria un peu froidement dessus :

« Aurais-tu l’obligeance de t’écarter de mon chemin ! Je voudrais passer si ça ne dérange pas ta cervelle de souris ! »

J’avais dit mes paroles froidement, pourtant, mon attitude physique ne changea pas. Je restai devant elle. Debout, les poils bien en place sur mon dos, mes griffes bien rentrées dans mes pattes et mes crocs bien à l’abri dans ma gueule. Je fouettais l’air de ma queue, un peu impatient de pouvoir passer. Je voulais voir la cascade et ce n’est pas une chatte qui m’en empêcherait.

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